Author: Doni, Giovanni Battista
Title: Abregé de la maniere des Tons
Editor: Massimo Redaelli
Source: Florence, Biblioteca Marucelliana, MS A.294, f. <1r>-<18r>
Abregé de la maniere des Tons [Qui monstre en [[peu]] un petit discours]] [peu de mots tout corr. supra lin.] ce que l'Auteur a traitè plus amplement en plusieurus [peusierus ante corr.] Discours Italiens touchant les Tons ou Harmonies des Anciens par luj heureusement renouuellees et remises en usage in marg.] Les Tons [[anciens et ueritables]]; des-quels ceux d'auiour d'huy ne sont qu'une ombre et une image [[s'appelloient par les meilleurs auteurs Grecs Harmonies, Tons et Modes quoy que le premier nom leur soit plus [propre et supra lin.] conuenable et propre par ce qu'il contient]] sont appellez d'ordinaire par les meilleurs Auteurs Grecs Harmonies; quoy que les plus modernes les ayent [[<...>]] [nomez corr. supra lin.] plus comunement [[nomez]] Tons et Modes. Mais la premiere appelation leurs est plus [[propre]] [caute et corr. supra lin.] conuenable: d'autant qu'elle comprend la [[proprie]] signification plus propre et particuliere de deux autres. Car [[il]] non seulement ils se chantoient par [[differ]] les diuerses especes d'octaue, en quoy consiste le [la ante corr.] Mode: mais [[auec diue]] plus haut ou bas [[en quoy gist le Ton]] selon le rang et ordre de chascun: en quoy gist [gyst ante corr.] propriement le Ton: ueu qu'entre les autres significations qu' a ceste diction [[apres des]] [chez les corr. supra lin.] anciens et [[des]] [les corr. supra lin.] [[ceste cy]] [celle la corr. supra lin.] en est une, quand nous disons qu'on chante plus haut ou plus bas: ou pour mieux dire en differente tension de uoix; se auoir plus aigue ou plus graue. Et d'autant que chascune Harmonie auoit le Ton et le Mode [[<..>]] conuenable in sa nature et office; car le plus [[gaillards]] [gays corr. supra lin.]; quant a l'espece [--] se chantent aussi auec une [[tension de]] uoix [[pl aigue et gaillarde]] [tendre et alegre corr. supra lin.]; et les plus melancholique quant au [[l'espece]] Mode pareillement auec une tension de uoix plus lasche et [[grauei]] [basse corr. supra lin.] de la prouenou. [[La grand' partie]] principaleme la grand [grande ante corr.] [[efficace et]] force et efficace qu'ils auoient sur les passions humaines; et la grande disite qu'on entendoit de l'une a l'autre. [[Mais aux Tons d'auiour d'huy]] Ioinct qu'ils auoient chascun leur propre Systeme, ou Eschelle ou [[Accord]] Suitte de sons accordez (qui est proprement ce qu'on dict Harmonie) de façon que l'une ne se continuoit [continu ante corr.] pas auec l'autre come [[il s]] se fait [[<..>]] aux Tons d'auiour d'huy qu ne contiennent pas differens Systemes [[ou Accords]], mais ne sont que parties d'un me prinses ou plus bas ou plus haut: et de uient [uiet ante corr.] que quand on passe de l'un' a l'autre on y entend presque point de diuersitè a cause du rapport out relation de contintè: qui est entre [[]] [les corr. supra lin.] parties [[de Systeme et l']] d'un mesme Systeme ou Harmonie. De plus ces Tons moderne ne pouent auoir aucune efficace [[de con]] considerable: car ou ils se chatent [[mesmes]] [tous corr. supra lin.] en la mesme tension de uoix c'e a scauoir en la plus commode, et celle qu on dict le Ton de chapelle; comme quand on chante sans Instrumens ou bien au contraire de ce qu'il fait: par example si l'on chante une piece du sixieme Ton ou espece de C sol fa ut, qui est [[alegre]] de nature alegre et une autre du troisieme E la mi; qui est [[fort]] de sa nature fort triste: [[cestay]] [[on]] [que l'on supra lin.] garderà ou auec [--] l'aide des Instrumens ou autrement, leur uraye distance, il est assez clair que [[ce long cy]] ceste seconde piece se chanterà une tierce maieure plus haut (car il y'a autant du C a l'E) que la premiere: et par consequent ce qui est melancolique par la Mode, deuiendrà gaillard par le Ton; et au rebours ce qui est d'une Mode ou espece alegre et gaillarde [[<..>]] reussirà triste et languissant par le Ton ou tension de uoix la quelle [[repugnance ou]] contrarietè oste sans doute [[gra]] la plus grande actiuitè et difference qui [[<..>]] puisse eschoir aux Tons d'auiour d'huy. Les quels parce qu'ils sont compris dans les termes d'une octaue, et toutes les pieces ou modulations ne se rapportent precisement a ceste mesme, [[d]] ils les a faller diursifier en superflus diminuez, entiers, meslez et autres telles subtilitez inutiles. Et n'est pas possible de finir une composition a plusieur parties dans un seul Ton: mais deux au moins y sont necessaires. Cela n'aduenoit pas aux anciens: ueu que chascun d'iceux auoit l'estendue de la Quinsiesme ou deux octaues au regard des uoix humaines; et pour les Instrumens [ils supra lin.] n'auoient point de terme limité. Car ils poueroient auoir l'estendue de trois octaues, de quattre ou d'aduantage. Les anciens auoient aussi leurs Instrumens uersifiez [[selons]] et accomodez a chasque harmonie de sorte: par exemple un Concert de flutes Doriennes, en autre des Phrygiennes, Lydiennes et cetera [[mas<.>]] uoire [[dans un mesme les]] [aux corr. supra lin.] Instrumens plus parfaicts, comme aux orgues (ainsi que i'ay monstrè dans mon Compendio, par le tesmoyinage de Tertullien) ils auoient plusierus Tons ou Harmonies [--] tellement [[disposees]] [arrangees corr. supra lin.] [[<..>]] qu'on pououit passer commodement de l'un a l'autre, et faire les Muances quae les Grecs appellent metabolas, en quoy consisté la plus grande se et delicatesse de la musique: comme [[l']] on peut uoir [[aux]] [en corr. supra lin.] Instrumens qui on a desia commence a fabriquer a Rome a ceste Imitation per exemple le nostre Violes [et Violons supra lin.] Diarmoniques et les clauecins Diarmoniques et Triarmoniques: le quels contiennuent urayement trois Harmonies principalles; scauoir l'Hypolydienne, la Dorienne et la Phrygienne, auec leurs clauiers separez: mais les autres y sont aussy [compris; in marg.] soit aux touches noires [et extraordinaires supra lin.] qu'on diroit en Grec enharmoniques; soit meslee de deux rangs des ordinaires [(qu'on appelle Diatoniques) supra lin.] et des extraordinaires; a cause de l'estendue de quattre octaues, qui comprend [aussi in marg.] les plagauz ou subalternes d'en bas et d'en haut: de façon qu'on pouerou aussi les nommer Panarmoniques. [[De ceste]] Ce renouuellement des Tons nous fait comprendre plusieurs ueritez qui [ont este supra lin.] iusq'a present [[ont este]] [tout a f] incognue: par exemple que les Instrumens d'un simple Accord ou Suitte de sons, [[seulement]] comme là Harpe a un seul rang des cordes, pro par un seul Ton; estants les autres [[<...>]] [<.....> corr. supra lin.] [-mens in marg.] meslangez de plusieurs et [[<...>]] presque Panarmoniques, comme les appelle Platon en sa Republique. Que les Instrumens qu'on appelle en Italie chromatiques et Enharmoniques se deurient appeller plustot [[Pa]] de ce mesme nom Panarmoniques; d'autant qu'il [[sont]] ne sont qu'un meslange de plusieurs Tons ou Harmonies, et contennent un seul Systeme; mais presse [--] ou expressè de plusieurs sons accidentels [accedentelles ante corr.]: le quels sont neaumoins naturels en autres Tons: comme on recognoist quand on les dispose par leur ordre naturel comme en notrez Instrumens surdicts. Que les compositions qu'on estime communement Chromatiques; c'est a scauoir celles qui sont meslanges de dieses # et b mols, ne sont point telles d'ordinaire; mais metaboliques; ou [[<...>]] alterees des sons des dieses harmoniqs: ne se trouuant aux modulations d'auiour d'huy que fort rarement des [[harm]] passages chromatique: comme quand deuz semitons s'entre suiuent. Que les cordes que les meilleurs Auteurs par exemple le Zarlin n'ont sçeu discerner quelles estoient, ne les reconoissans Diatoniques, Chromatiques ny Enharmoniques sont ueritablement Diatoniques; mais comme amputees d'un Ton estranger, et different du naturel ou [[fondamental] Hypothematique; qui est celuy au quel est fondee principalement la modulation; et se rapporte aux touches blanches du clauier, [[et]] [comme corr. supra lin.] les autres uoix accidentales ou metaboliques aux noires. De telle sorte sont [[les]] ces cordes D la sol re et G sol re ut rehausses, auec le diese, ou signe #; qu'on dict en France la feinte de D la sol re et G sol re ut: car la feinte de C sol fa ut, et [[de]] d'F fa ut, quoy que ordinaire on ne s'en serue pas pur chromatiques, ne au moins soit aussi cordes Chromatiques. Qu'ayant commence les Modernes depuis cent ans en ca et particulierement [[ <..> s<.>it<..>]] les Italiens de ce siecle [[on a]] [a se seruir de plusieurs b mols et dieses on a corr. supra lin.] en quelque façon recogneu la necessitè qu'on uoit de ces meslanges d'Harmonies ur faire [--] les chants pathetiques et charmans: encores qu'ils ne facent de [[urays]] changemens de Ton ou Harmonie: faute de n'en auoir pas en la cognoissance, se contentans de [[changer]] [toucher corr. supra lin.] quelque corde [[exparsement]] [accidentale corr. supra lin.] or' ca or la; plustot [[p<..>]] changer les consonances, que l'air de la modulation; encores que cecy [s' supra lin.] ensuiue. Que par l'usage de ces diuerses Harmonies on pouura merueilleusement perfectioner la Musique. car les modulations de ceste sorte auront ensemble la douceur et naturelle suauite d'orland' lassus, et de Cyprian de Rore et la uarietè Pathetique qu'on entend aux Madrigals du Prince Venusin. Que tout clauecin ou Orgue est ueritablement et se peut nommer chromatique: mais pour en seul Ton [[est]] [estant corr. supra lin.] suffisant pour cela le deux fa du C et [[du]] F rehaussez auec le diese # et la corde b fa du Sisteme [[coniunct]] Coniunct. Que ce passage par consequent [Doni, Abregé de la maniere des Tons, 3v] ou l'on uoit cinq semitons de suitte, est ueritablement chromatique; mais d'une espece de chromatique mesle du Diatonic et d [un supra lin.] autre Ton: car la premiere, seconde et sixiesme note sont cordes communes au Diatonic et Chromatic la troisiesme seule est propre chromatique: la quatriesme est particuliere Diatonique; et la cinquiesme est Diatonique aussi, mais estrangere en ce Ton, et naturale en un' autre [[uerbigratia]] n'estant p naturale que l'E la mi du Phrygien, si nous [[suppo]] propo[[<....> supra lin.]] cette modulation au Dorien; comme l'on peut uoire [--] figures ou Tablature d'iceaux et aux Instrumens surmentionnez. [[Mais pour donner]] Qu'aux Instrumens qui contiennent [[aux touches]] [as marches supra lin.] noires une simple suitte de sons sç'auoir cinqu dieses #, ou cinq b mols, il y a [[er]] urayement deux entiers harmonies la naturelle ou hypothematique [[aux touches]] [as marches supra lin.] blanches, et l'autre [[aux]] [as cor. supra lin.] noires; qui se sent aussi de deux autres [[touches]] [marches corr. supra lin.] de la premiere et ne se peut pratiquer si librement qu' icelle; pour n'auoir ses [[touches]] [marches corr. supra lin.] ioiguans l'une a l'autre. Et d'autant que tuoute sorte [[de]] [d'Harmonie ou corr. supra lin.] Suitte Harmonique [[ou Harmonie]] marquee auec des signes accidentels [accidentelles ante corr.] se peut et se doit rapporter a [[qu]] une de sept especes [[d'octaue]] naturelles d'octaue, et proceder auec les mesmes syllabes Vt, re, mi, fa et cetera les b mols ne peuuent iamais entrer dans la suitte ou progression des dieses, ny les dieses dans celle de b mols: d'autant que de ce meslange en prouennent des interualles extrauagans, et non receuables [[aux]] [dans les corr. supra lin.] Harmonies: comme de tons augmentez ou diminuez. C'est pourquay nous auons fort raisonnablement en noz Instrumens qui ont toutes le cinq [[touches]] [marches corr. supra lin.] noires diuisees en deux, mis les b mols a part: sçauoir au premier rang et [[<..>]] les dieses aussi au second: encores qu'aux clauecins ordinaires il y [[aigenut]] [ait corr. supra lin.] des bmols et des dieses meslez; comme l'on uoit icy: ou les notes noires representant les [[touches noires]] [marches pareillement noires corr. supra lin.] [Doni, Abregé de la maniere des Tons, 4r] Quelqu'un pourroit dire que nous auons auiourdhuy aussy quelque cognoissance des Tons diferens [[car le]] [ueu que le corr. supra lin.] [--] Ton Coriste de Rome n'est pas semblance a celuy de France; ny a celuy de Lombardi comme on recognoist par les flaustes et Cornets [[qu'on y]] qui uiennent de la: qui sont plus hauts d'ordinaire un ton, ou un ton et demy, que le Coriste de Rome I'ai uoue bien que les Instrumens de Rome sont un semiton plus bas que ceux de Florence et ceux de Florence tout de mesme plus bas que ceux de Lombardie; et qu'il y auont la mesme difference anciennement entre le Ton Dorien, Iestien ou Ionien et le Phrygien: mais il y'a [toutesfois supra lin.] grand disparite car noz Tons [[d]] hodiernes n'ont point [[autre]] difference que la tension plus aigne ou plus graue; c'est a dire ne [[d]] se diuersifient point au Mode: car tous commencent par exemple [[au]] [en corr. supra lin.] C sol fa ut: mais les anciens auoient l'une et l'autre diuersitè, de la Mode et du Ton: et pour ceste [[cause]] estoient [ueritablement supra lin.] diuerses Harmonies: car si la fleute Phrygienne, par example, disoit au premier trou Re, la Lydienne plus haute d'un Ton, disoit au mesme trou, Vt; et commencoit sa suite Harmonique par deux tons Vt, Re, Mi: comme la Phrygienne par un seul Re, Mi, Fa. En fin la diuersitè des Tons hodiernes n'est autre que celle qu'on entend au clauecin fabriquè par Jacques Ramerin Florentin; au quel par le changement des ressorts le mesme clauier sert plusieurs Tons differens par degrez semitoniques, s'il faut ainsi dire; c'est a scauoir a celuy de la quarte basse du [[Romain]] [[corr. Neapolitain supra lin et in marg.]] [Romain corr. supra lin.] que nous pourrions dire l'Hypodorien, au [--] Napoletain qui respondroit a l'Hypolydien [[<..>]] Romain [[qu]] ou Dorien, au Florentin ou Ionien; [[<..>]] a celuy de Lombardie ou Phrygien. Mais les harmonies differentes se uoyent [[<.>]] en diuers clauiers fabriques par Jean Pierre Pol pour l'Eminentissime Cardinal Antoine Barberyn; pur l'Illustrissime Seigneur Don Camille Colonne de la maisone de Zagarole; pour se Seigneur Pierre de la Val; pour moy et d'autres. Ces simples Tons se uoyent pareillement marquez au liures du Zarlin, du Galilee, et d'autres tels bons auteurs de musique; [[mais sans la diuersitè [[nec]] du Mode necess]] qui les disponent selon Aristoxene: mais sans la diuersitè du Mode necessaire pour formair ces differentes Harmonies des anciens. quoi que Galilee en' ait en qualque eu de lumiere du Seigneur Iean de Bardy et du Seigneur Herosme Mei, mes compatriotes; qu'ils introduct dans son Dialogue. Mais pour en donner quelque cognoissance il faut scauoir que les plus anciennes et generalles Harmonies sont trois, la Dorienne la Phrygienne, et la Lydienne: la premiere des quelles estoit [estoient ante corr.] [seule supra lin.] [[<..>]] naturelle aux Grecs; et les deux autres [[des Phrygiens et des Lydiens [[]] dont elles passerent a l'usage Gregeuis]] empruntees de ces nations uoisines et meslee auec eux La Dorienne qui de tout temps a este la plus estimee et celebre, se chantoit et iouoit auec un son naturel et [[p<.>]] repose; et comme si nous dirions au Ton de chappelle de chaque pays: s'appliquant d'ordinaire a des matieres graues, et suiuant un style et proprietè de semblable nature. Le Phrygien se chantoit un [--] ton plus haut et seruoit d'ordinaire pour des subiects uigoreux et gaillards, pour le quelle [[cose]] [cause corr. supra lin.] on l'accompagnoit d'autres circonstances semblables, scauoir des uers, Ritmes et procedure et cetera La Lydienne pareillement se chantoit un ton plus haut de la Phrygienne et [[une tierce m]] deux sur la Dorienne: et comunement s'accomodoit aux modulations ioyeuses et lasciues: et a la lus part des dances et [[sor]] choses semblables. Ces trois Harmonies estoient fondees sur le trois especes de quarte Mi fa sol la pour la Dorienne re mi fa sol pour la Phrygienne et Vt re mi fa pour la Lydienne qui sont comme les premieres sources des Modes De deppuis on y adiousta le Myxolydien [[ou Hypolydien]] inuentè par la poetesse Sappho et formant un Sisteme qui reuienne a la quarte [[haute]] en haut du Dorienne: appelle aussi pour ceste causon Hyperdorien: comme qui diroit plagal d'enhaut: le quel estoit le plus triste et lugubre des [[autres]] [tous corr. supra lin.]: et pourcela grandement pratique, comme le tesmoyine Aristote aux chours des Tragedies [[A imitation de cestes comme ie croy l'on forma du depuis les autres trois Hypodorien, Hypophrygien et Hypolydien adiustant a chacun des trois principales un plagal embas et en distance de quarte et pareillement eslongez entr' eux un ton, les diuesifiants par les autres especes [[de]] d'octaue qui restoient: de façon que le nombre de sept fut parcacheuè]] Par cest accroissement [[les]] [chascun des in marg.] quattres espece de Quinte [[se]] se troue employee [[e aux qua]] a ces mesme quattre tons Mi fa l [--] re mi, au Myxolidien, Fa sol re mi fa au Lydien Vt re mi fa sol au Phrygien Re mi fa sol la au Dorien: encores qu'il uaux meiux [[les]] de les accomoder aux [[Mixol]] quattre plagaux et posterieurs y comprenant le Mixolydien Mais il faut remarquer que ces quattre reuiennent fort bien a autant de diuersitez qu'a la musique en la [[propr]] qualitè de ses Melodies car la premiere est la Paisible et temperez; qui respond au Dorien: [[la]] les Grecs l'appeloient hesychastique: la seconde est l'ecstatique ou impetueuse qui respond au Phrygien appellee par les Grecs enthousiastique: la troisiesme est la Resioussante ou alegre qui respond au Lydien qu'on disoit en Grec Diastaltique et la quatriesme la Melancolique ou languissante qui respond au Mixolydien nommee par les Grecs Systaltique. Et n'est pas possible [[de e<.>]] [d'y corr. supra lin.] trouer d'autres especes ou differences comme quelques un s'imaginoit si ce n'est qu'on y adioust les paroles. Car ainsi une melodie sera operatiue de la cholere un'autre de la lubricitè, de la colere et [[sembla]] autres semblables passions et constumes. Mais a imitation du Mixolydien comme ie croy l'on forma du depuis les autres trois Hypodorien Hypophrygien et Hypolydien adioustant a chascun des principales un plagal embas en distance de Quarte et pareillement eslongez entr'eux un ton: les diuersifians par les autres especes d'Octaue qui restoient: de façon que le nombre de sept fut accompli. auec la distance d'une septiesme mineure ou deux [--] Quartes du plus bas Hypodorien au plus haut Hyperdorien ou Mixolydien: demeurant le Dorien au milieu comme le Soleil parmy les planetes. Au reste il n'y a pas grand difficultè a sçauoir par quelle espece d'octaue chascun Ton prodoit: car tous les anciens auteurs en parlent si concordement qu'il n'est possible de plus. Et ie m'estunne comme quelques un ait osè dir qu'il y a de la contrarietè en leur doctrine: ueu que Ptolomee, Aristide Quintilien<,> Boece, Bacchus [[<.>]] Euclides ou Cleonides, Gaudence, Pappus, Theon et s'[[yl]] il y a d'autres tel auteurs d'Introductions disent tous d'une uoix que l'octaue de la Paramese a l'Hypate Hypaton c'est a dire du [sqb] mi d'en haut au [sqb] [sqb] mi d'embas formoit la Mode Mixolydienne C, c la Lydienne D d la Phrygienne, E e la Dorienne F f l'Hypolydienne G g l'Hypophrygienne et A a l'Hypodorienne: de façon que les especes plus [[en bas d<.>]] basses dans le Systeme s'accomodent aux Tons ou harmonies plus hautes [[et les plus hautes aux plus B]] [[tous de mesme]] selon leur mesme distance c'est a dire que tout ainsi que il y a un demy-ton d'E la mi a F fa ut autant il y a, [[<..>]] de l'Harmonie Dorienne a l'Hypolydienne: mais il faut reuerser les octaues metant [[en bas F, fa et]] au dessubs F, f et au dessus E, e. Car le [[ordre]] [rang corr. supra lin.] de Tons suit l'ordre naturel des cordes Diatoniques du Systeme mais au rebours: comme ie dis au second chapitre de mon Compendio. En quoy gist tout le secret de ceste importante doctrine: n'estant pas possible d'accorder autrement ces dictes especes auec les distances que les anciens auteurs assignent [--] a leurs Tons: Car si l'on suit la Disposition de Zarlin et de Salinas, qui donnent l'espece G g a l'Hypodorien, A a, a l'Hypophrygien et cetera il est uray que les distances conuenables s'y rencontreront , scauoir d'un ton entre [[le<..>]] ces deux et autant entre l'Hypophrygien et l'Hypodorien: du demyton entre cestuyen et le Dorien: mais leurs especes ne s'y trouuent pas: mais sont toutes changees et transposees au contraire comme l'on uoit [[<..>l]] en l'Hypodorien et l'Hypophrygien susdicts. m'estonnant bien fort comme ils ayent [[pen]] faiet si peu d'estat particulierment de la doctrine de Boece qui donne espressement l'espece de la Mese au Proslambanomenos cauoir a, A a l'Hypodorien. Mais eux et les autres se sont trompez en ce que ne se pouuais imaginer que les Anciens eussent differens Systemes en leurs Tons et prenans les especes [absolument supra lin.] pour les Modes ou pour mieux n'expliquer les Modes in abstracto pour les Systemes ou Modes in concreto comme qui dirait la Blancheur pour le Blanc [[n'ont po]] [[ne poidrent]] ne prirent pas bien ces mots de Boece. Sit in in Diatonico genere uocem [[ordine]] ordo dispositus a Proslambanomene in Neten Hyperbolaeon: atque hic sit Hypodorius Modus: Si quis Proslambanomenon in acutum intendat tono: hypatenque hypaton eodem tono attenuet: caeterasque phtongorum omnes faciat acutiores, acutior totus ordo proueniet quam fuit prius. [quam tonus susciperit intentionem supra lin.] Erit igitur tota constitutio acutior effecta, Hypophrygius [--] Modus et cetera. Il penserent doncques que ces paroles Si quis Proslambanomenon in acutum intendat tono; ne signifiassent autre chose [[sinon]] [si non corr. supra lin.] que si apres l'octaue A, a on formerà un ton plus haut l'octaue [sqb] [sqb] [sqb] < >ra la Mode Hypophrygienne: au lieu qu'il fa<...> entendre si apres auoir conçers auec l'espece ou remarqué actuellement sur quelque Instrument un Sisteme ferme et arrestè de deux octaues depuis [[A iusques a]] le Proslambanomen iusques a la Nete Hyperboleon a l'on confermerà pareillement un autre tel Sisteme ou Eschelle de musique de mesme mesure un Ton plus haut l'on aura le Mode Hypophrygienne. On il faut remarquer qu' encores que [[ceste application du Sisteme Hypophrygien a l'Hypodorien]] ce Sisteme [ainsi supra lin.] appliquè [[de la sort]] apt se [[extremite term extremes scauoir la plus basse et la plus haute corde de la double octaue unisons et correspondans]] son terme ou extremite scauoir sa premiere et plus basse corde [[de la double]] unisone et respondente a l'Hypate Hyaton ou [sqb] [sqb] mi d'embas de l'Hypodorien ne au moins il s'en suiuoit un autre bien differente harmonie ou Mode ueu que si dans l'estendue d'un octaue [[no]] l'hausse ou abbaisse le six cordes du milieu demeurants fermes le deux extremens ou la changera en quelle espece on uoudrà Mais tout cecy se declare mieux par la figure qui suit ou l'on uoit dans l'octaue de [sqb] [sqb] [sqb] mi formees deux especes differentes l'une d'A, a, re et l'autre de G sol re ut: ou [--] il faut supposer que le changement des interualles (qui se monstre par les signes accedentals) changes aussi le nom et l'intonation des notes ou cordes par exemple si l'on adiouste le diese # au fa il diuientra un Mi et par consequent doura prendre pour E la mi ou pour [sbq] mi et ainsi des autres [Doni, Abregé de la maniere des Tons, 8r] Or il est assez euident que la seconde rengee de [Notes in marg.] monstre un Sisteme ou espece semblable a la premiere naturelle que nous supportons estre l'Harmonie Hypodorienne car si nous examinons ses interualles ou les assiettes de tons et semitons nous les trouuerons de la mesme façon disposez que en la premiere [mais un ton plus haut. in marg.] et que de tout de mesme on y lit Re, mi, fa, Re, mi, fa, sol, la: [[mais]] la troisiesme a une espece ou progression differente: car on y lit Vt, re, mi, fa, re, mi, fa, sol: et par consequent ce n'est pas autre chose que l'espece de G, g sol re ut, mais notee auec des signes accidentels. Il faut doncques s'imaginer que ces deux octaues ainsi representee soyent formees sur quelque clauecin ou autre tel Instrument auec l'aide de [[touches]] [marches corr. supra lin.] noires ce qu'on appelle une musique feinte ou transportee. Car en effect la seconde n'est autre chose que [che ante corr.] l'octaue A, a transportee un ton plus haut: et la troisiesme l'octaue G g transportee tout de [--] mesme un ton plus haute de l'octaue A a, ou bien deux tons plus haute de l'octaue G g naturelle que nous nous pouurons imaginer au dessoubs de ceste octaue A, a Hypodorienne Mais pour nous les representer comme Systemes differens et separee l'un de l'autre [[comme]] [selon corr. supra lin.] [qu' in marg.] il estoient disposee anciennement dans les Diagrammes [[et]] ou Tablatures noire dans les Instrumens mesmes comme ceu que nous auons fait fabriquer a Rome auec des clauiers ou Harmonies differentes il [[faut]] se faut seruir de deux diuerses clefs qui monstrient excellemment la diuersitè des escalles ou Systemes en la façon qui suit [Doni, Abregé de la maniere des Tons, 8v] [[Ou il faut scauoir]] Ou l'on uoit [comme supra lin.] par le moyen de ces notes singulieres ou du [sqb] mi Hypodorien et des ligatures le [la ante corr.] rapport que les deux dernieres Systemes ont pour l'Intonation et pour la distance auec le premier Hypodorien: estant assez euident que le Re du second et l'Vt du troisiesme se [[unis]] prononce unison au Mi du dict Hypodorien. Il'y a doncques de quoy s'estonner que Glarean et ceux qui deuant luy tascherent de confronter les [[To]] faux Tons [[Eccl]] Modernes ou Ecclesiastiques aux Anciens ne se soient point apparceu [apparceuu ante corr.] que le Hypophrygien ne pouuoit nullement reuenir a l'espece [[[sqb]]] du [sqb] mi ny l'Hypolydien a celle de C sol fa ut. Car [[comb]] outre que les especes [--] ne se confrontent pas auec celles que les auteurs anciens cy deuant nommez leur donnent il n'y a qu'un semiton du [sqb] [sqb] mi au C sol fa ut toutes foix la distance de l'Hypolydien a l'Hypophrygien doit estre d'un ton entier. Il falloit doncques, monstrer la distance de l'Hypophrygien a l'Hypodorien par l'octaue [de supra lin.] [sqb], mi mais pour monstrer [son propre supra lin.] [[sa]] Mode ou espece changer [[les int]] la suite des tons et semitons comme nous auons faict. Et semblablement pour garder la distance d'une tierce maieure de l'Hypolydien a l'Hypodorien le prendre non point depuis la corde C sol fa ut Diatonique a son octaue en haut mais bien depuis la feinte de C sol fa ut c'est a dire le C sol fa ut Chromatique iusqu'a son octaue, changeant aussi ses interualles du milieu pour former [[son espe]] la propre espece ou Mode. Mais il faut aduertir que la seconde rengee cydessus monstre tant seulement la diuersitè du simple Ton c'est a dire la mesme octaue d'A la mi re ou espece Hypodorienne prise un ton plus haut qui n'est pas proprement differente Harmonie comme la troisiesme qui monstre tout ensemble la diuersitè de Ton et de Mode Au reste la Mode se peut aussi separer du Ton: parce que si l'on maintient formes les [[termes]] [formes corr. supra lin.] de l'octaue Hypodorienne et que l'on change les interualles et cordes du milieu, on ferà une [[Muta]] Nuance de Mode [[du]] tout pur et simple comme icy se uoit [Doni, Abregé de la maniere des Tons, 9r; text: Hypodorien, Ton, Mode Hypophrygienne] [--] Il'est donc certain que si l'on chanterà la seconde octaue comme elle est notee on chanterà au mesme Ton de uoix que la premier mais par une espece ou Mode diuerse qui ne dit plus re, mi, fa, re et cetera mais Vt, re, mi, fa et cetera. De façon que pour euiter les equiuoques [[pour]] [en corr. supra lin.] monstrer la diuersitè qu'auoient les Anciens en leur, Dorien, Phrygien et cetera il uerrà mieux les nomer Harmonies que Tons ou Modes [[qui ne sont]] les quels termes ne declarent pas tuot ce qu'il faut. Or de ces deux connexions de l'Hypophrygien auec le Hypodorien, la premiere des quelles monstre la seule diuersitè du Ton et la seconde de l'Harmonie tout ensemble i'appelle celle la Connexion Melodique d'autant que la Melodie signifie proprement le chant humain et ceste cy organique [[d]] pour ce qu'elle est plus conuenable aux Instrumens qui s'appellent organa en Grec. La raison de cecy est que les uoix humaines se plient comme l'on ueut et par ainsi on peut en modulant l'Hypophrygien garder son Harmonie proprie ou sa Mode [[commenceant]] commençant son Systeme par l'A et par la diction Re comme l'Hypodorien moyennant que l'on garde les interualles conuenables. Mais les [[Instrumens ne pouuent faire cela]] particulierement ceux qu'ont leurs uoix arrestees comme les orgues et clauecins ne pouuuent faire cela car une corde que dict Re ne peut dire Vt et cetera De sorte que si on ueut disposer sur un Instrumens deux clauiers [[pour]] l'un pour l'Hypodorien l'autre pour l'Hypophrygien il uaut bien mieux accorder le second par l'octaue G g un ton plus haut que la premiere, que la disposer tout de mesme que l'Hypodorienne depuis A [[iusque a<..>]] la mi re a l'autre. Car quoy qu'on la puisse faire reuen [--] la mesme espece du G sol re ut en passant par les cordes # C, # F [[cela n'est pas neaumoins si aise]] et per les [[touches]] [marches corr. supra lin.] noires, cela [[n'est pas neaumoins si aise pro]] est toutesfois fort difficile particulierement quand il faut changer toutes ou la pluspart des cordes comme il succede quand l'on [[uout <....> <..>]] conioinct deux harmonies [[ensemble]] de celles qui ont grand disparitè ensemble. Les anciens auoient ainsi un' autre methode de pratiquer leurs Tons ou Harmonies aux tablatures et intonations la quelle estoit fort ingenieuse et commode. C'est porquoy ie la ueux expliquer par la figure qui suit ou il faut sauoir qu'ils appelloient le Systeme Hypodorien [[stabile]] Immobile et commun purce qu'il estoit comme le fondement des autres et n'y falloit faire aucun changement comme aux six autres qui se fondoient quasi sur luy et receuoient quelque nuance en la pratique du chant et pour cela s'appelloient Mobiles. C'est pour quoy l'on uerrà icy le seul Hypodorien dispose naturellement par les maiuscules et l'octaue d'en bas et en haut pour les petites lettres la difference des tons et semitons se demonstre pour les espaces plus grand ou plus petits. I'ay contregne aussi le cords du Tetracorde conionct par le b rond et les deux autres poinctees pource qu'elles sont differentes aux syllabes, Re, mi, fa, et cetera et ne sont pas tousiours unissones auec leurs paralelles du Tetracord separe comme par example en l'accord parfait et en d'autres diuisions [--] Or il faut predre garde icy qu' en la lign de la Moyenne Hypodorienne se renconrent toutes le sept cordes et lettres cardinales de chasque Ton c'est a dir celles qui forment et monstre leur propre espece: de façon que [[cont]] si depuis ce terme l'on continue [[pour]] [la progression d' corr. supra lin.] une octaue en haut en chasque Systeme l'on formerà sept Modes ou especes diuerses qui se chanteront au mesme Ton des uoix: comme l'on formerit sept Tons differens [[et semblables une]] [mais corr. supra lin.] d'une mesme espece ou Mode si l'on commençoit depuis la Proslambanomen ou premiere corde d'embas en chascun. [[Pour]] [Mais corr. supra lin.] pour former [[doncques]] sept diuerses Harmonies il faut faire ainsi laissant l'Hypodorien comme il est [[pr]] on prendra au Systeme Hypophrygien la corde qui respond a la Moenne de cestuy la ou la premiere qui soit notee par une maiuscule [[s<..> <..>]] scauoir le So des Moyennes signee G le transportant auec [[la fantaisie au]] [l'Imagination corr. supra lin.] [[au]] [[en le corr. supra lin.]] Proslambanomeon car ainsi ce qui reste du Systeme en haut (que <...> nous deuons imaginer comme une quantitè continue) s'ensuiura quant et quant. Et d'autant que cette corde G dit Vt <.> si l'on uoudra chanter l'Harmonie Hypophrygienne depuis son commcement d'embas on la pronouncera comme est dit et unisone au [sqb] [sqb] ou Mi Hypodorien continuant tout le Systeme entier [[s<.>]] de dette octaue si on ueut Semblablement si on uoudra intoner tout de mesme [[le]] l'Harmonie Hypolydienne on prendrà sa corde [cardinelle supra lin.] F ou le fa des Moyennes la transportant en la Basse a et prononçant fa unisone au Mi ou Hypate Hypaton Hypophrygienne ou plustot (pour garded tousiours le mesme rapport a l'Hypodorien) unisone [--] a la corde # C [[a scauo]] Hypodorienne scauoir a sa Lichanos Hypaton chromatique et en faire tout de mesme aux autres Systemens qui restent. Ceste pratique uous est assaiz clairement monstree par Gaudence ancien musicien Grec (quoy on le nomme le philosophe) en son Introduction. [[Il semble que les anciens l'ayent suiuie]] la quelle [pratique supra lin.] il semble que les anciens ayent choise pour mieux garder l'uniformitè des Systemes le reduisant touts au Commun ou Hypodorien ne iugeant point a propos de monstrer par exemple la corde Proslambanomos A qui est la plus basse en autre lieu qu'au sien propre: quoy qu'a la ueritè l'autre connexion organique qui monstre tout en un instant la [[Mode]] diuersitè du Mode et du Ton c'est a dire l'Harmonie tout entiere soit plus commode pour la pratique. C'est porquoy ie la ueux representer icy en deux façons: premierement selon la tablature ordinaire et commune et puis apres selon la nostre, en une seule octaue pour [[m'ende<..>scher plustot:]] euiter la prolixite aux ceste difference toutesfois qu'en la premiere connexion le rapport se fait tousiours au Ton Hypodorien Immobile et en la seconde au prochain d'embas [[Or l'on doit]] Ces notes noires et [singulieres qu'on uoit icy rapportees a la mesme clef de l'Hypodorien ne seruent que pour monstrer l'unison et correspondance des premieres [[chordes]] et [[cordes]] speciales chordes des [[des autres son Harmonies]] (et consequentement des autres) des six Harmonies auec les chordes de l'Hypodorienne: par le moyen de ces ligatures qui [[pourquoys]] [[le quelles <......> icy]] font cognoistre que l'Vt ou le G Vt Hypophrygien se doit [[pr]] chanter unison au Mi ou [sqb] mi Hypodorien. Le fa ou F fa Hypolydien unison au [[Re unis]] fa chromatic # C du mesme Hypodorien. Le Mi ou E mi Dorien au Re ou D re Hypodoriens et cetera in marg.]] [Doni, Abregé de la maniere des Tons, 11r-11v; text: Hypodorien, Hypophrygien, Hypolydien, [[Dorien]], Phrygien, Lydien, Mixolydien] [--] On pouura remarquer icy en passant plusieurs choses assez considerables. Premierement Qu'on y a une tierce maieure ou deux tons entre les chordes Synonymes de deux Systemes esloignez entr'eux un ton si on compare un octaue ou Mode auec l'autre par exemple la Phrygienne auec la Dorienne ou l'Hypophrygienne auec l'Hypodorienne. ce qui pouroit assez par les clefs mesme qui sont autant esloigneez ensemble. Mais [[les]] [de deux corr. supra lin.] Systemes [[qui sont]] [[un sem<.>]] [qui in marg.] ont la distance d'un semiton comme l'Hypolydien et le Dorien leurs chordes Synonymes se trouueront esloingees deux semitons c'este a dire un peu plus qu'un ton pour parler en practicien. car tousiours la connexion Modale doubles les distances des cordes Synonimes d'un Syme a l'autre [[de façon que les]] par exemple La moyenne a la mi re (a la quelle il uaut tousiours mieux se rapporter) [[de l'Hypophrygien]] du Dorien qui est esloignee un ton de la Moyenne du Phrygienne selon la connexion Tonique ou Melodique se trouerà distante deux [--] selon la Modale organique: et s'esloignant la Moyenne de l'Hypolydien un semiton selon la connexion Tonique se trouerà esloignee deux semitons selon la Modale et organique. Ce qu'il faut aduertir pour ne [[prer]] s'equiuoquer quand l'on cerche la distance qu'ont les urays Tons ensemble. Secondement <.> l'on peut obseruer icy les cordes ou cadences principales de chasque Ton que i'ai contresignè auec le notes carrees. ie dis les principales car il y en a d'autres en chascun qui sont moins principales et ne se prennent que par un [seul supra lin.] costè [[seulement]]. Par exemple le [sqb] mi et le D la sol re au Dorien [[que sont]] [ou elles corr. supra lin.] sont cadentielles en descendant seulement de quoy i'ai monstrè la raison en mes traitez Italiens. Ces cadences moins principales sont tousiours proches d'une seconde des principales et non point une tierce [[q]] comme quelques <...> pouuroient penser. Car celle qui diuisient la quinte en deux tierces ne sont iamais cadentielles au moins aux Tons principaux et Ptolemaiques quoy qu'on s'en serue aux compositions a plusieurs uoix. Mais cela n'importe. car les cadences ne se iugent point par le contrepoint (en quoy l'on se trompe communement) mais par l'air de la simple Melodie. [I'adiouste encores que les cadences du milieau doiuent estre de la mesme nature que celles de dehors c'est a dire qu'au Ton Lydien par exemple la cadence de la quinte doit estre en F fa ut et non point en G sol re ut a fin qu'elle ressemble a celle de l'octaue ou du dehors qui est C sol fa ut et djt [d<.>t ante corr.] fa et non pas Sol comme G sol re ut. Car encors que [sqb] mi responde mieux a e la mi que a la mi re [[toutesfois]] et neaumoins cest cy soit cadence principale du Dorien et non pas l'autre: toutesfois ce la n'importe: car le Dorien est composè de la premiere espece de quarte et de la quatriesme de quinte et a son cadences en Re et en Mi: demeurent les deux Mi pour le Missolydien: [--] en quoy il est plus simple que le Dorien ouibien qu'il luy soit poserieur) comme [[aussi]] il est aussi plus melancholique. in marg.] Mais monstrons la façon comme on peut conioindre les Tons selon ma nouelle methode. [--] Au reste il y auroit assez a discouurir sur d'autres particularitez [[d'impo]] de grande importance sur la materie des Tons comme de causes pour lesquelles une espece ou Mode est plus alegre ou melancolique ou autrement qualifiee d'un autre: de l'ordre de compter les especes des premieres consonances bien differens selon la doctrine des anciens ou Grecs; des demi-anciens ou Boetiens et des derniers Musicines [De la huictiesme Mode qu'il semble que Boece attribuet a Ptolomee et des desordres qui en sont arriuez [arriuee ante corr.] et principalement la multiplication des faux Tons ecclesiastiques iusqu'a douze: le quels tant s'en faut que i'approuue que pour l'usage de l'Eglise et des psalmodies il eust mieux ualu se contenter des quattre plus anciens fondees en autant d'especes de la Quinte que les moltiplier (comme l'on fait dans l'ignorancee des siecles passez) iusqu'a huit augmentez depuis a [--] par Glarean iusqu'a douze: ueu mesmement que les chantans touts d'une mesme teneur de uoix on n'y cognoui gueres de differences; et que plusieurs sont impraticables comme ceux qui ont la [[gra]] quarte en bas ou la tierce mineure Que le Diatonic diuisè selon Ptolomee est plus conuenable au Lydien. celuy de Dydime [Dedyme ante corr.] au Dorien, et l'une et l'autre presque esgalement au Phrygien in marg.] Des raisons qui peuuent donner la preference plustot aux uns qu'aux autres. Que la Mode Hypolydienne n'est presque point en usage auiour d'huy et encores moins la Myxolydienne. Des proprietez que les Anciens et l'esperience Moderne attribuent aux Modes. Des inuenteurs d'iceux et par quel moyens furent establis [--] De leur ancienne pratique et en quel subiects et Instrumens furent employz; et comment [[<..> leur]] on s'en pouuroit encores auiourdhuy commodement seruir. Que tous se peuuent accorder a toutes sortes de Vers. Qu' encore qu' auiourdhuy on ne [[recog]] [marque corr. supra lin.] peut estre tante diuersitez de chant parmy les peuples plus ognues pour le grand meslange et confusion qu'il y a au Monde, toutesfois s'on en faisoit une curieuse recerche, on trouueroit encores pour le present des façons: ou aios fort differents principalement parmy les nations qui retiennent plus de leur antiquitè; comme en Espagne les Briscs, Nauarrens et Asturiens [signum]: en la Gaule les Bais Limosins Ardennas [Ardennat ante corr.] et autres telles: en la grand' Bretagne [Bretangne amte corr.] eux du pays de Galles; [[au]] en Allemagne le Frisiens; en la Grece les [[Epi]] Chimeriotes [Chimeriots ante corr.] Mainotes, et Sphactiotes de Candie. En l'Asie les Lariens, Curdes, Maronites et [[chaldees des montagars]] montagnars [montagars ante corr.] de Chaldee: en la Perse les Gauros Iazdi; ou payens de la prouince de Iazd: et autres tels: sans
arler des chinois et nations plus eslongees [[ou plus faru]] du Leuant, ou [des supra lin.] plus farouches du Septentrion. Et que de leurs chants nationels comme aussi de ceux d'Italie, France, Espagne, Sicilie et autres pais on en pouroit irer des rand' diuersitez de Ports de uoix et semblables
inces, et embellissemens des Airs; et les accomoder moyennant [[un]] le iugement et trauail necessaire, aux Modes; et enrichir par ce moyen [--] la Musique. Des autres Modes moins cogn Iastienne et Eolienne auec leur descendantes: et de [du ante corr.] [[methode]] [la methode corr. supra lin.] que nous auons tenue pour les restabilir: comme aussi des Harmonies plus anciennes rapportees par Aristide Quintilianus; Athenee, Pollux et semblables auteurs. Des diuerses sortes de connexions d'Harmonie [[et comment on accoupler et mettre en tablature non seulement des procheimes mais aussi]] et du moyen de les mettre en tablature [[se]] aussi bien les esloignees que les procheimes. Que pour obseruer les proprietez et differences particulieres des Modes il faut auoir esgard non seulement au cadences mais [[a d'autres parti]] aux notes extremes d'en haut et d'en bas: principalement quand les progressions sont continues [[a]] aux interualles de quinte et de quarte: et autres telles particularitez Qu' [[l]] la penultiesme note des cadences [[faut aussi]] est fort considerable aussi en la difference des Modes [[esta]] n'estans pas de la mesme nature ces deux terminaisons [Doni, Abregé de la maniere des Tons, 13v] quoy que la derniere note soit la mesme. Qu'il y a d'ordinaire deux terminaisons ou cadences en toutes sorts d'airs comme on uoit aux uerset des Pseaumes l'une de sentiment parfait, et l'autre imparfait: que i'appele Apothese et Prothese: et que les deux principales cadences de chasque Mode s'y [--] fort bien. Qu'on peut [[accorder beaucoup de sortes]] diuersifier les Modes
ar d'autres particularitez [[aussi]] conuenables [[<....>]] a leur nature, au regard du contrepoint, que i'appelle Symphoniurgie: Comment on puisse recognostre de quelle Mode ou simple ou meslee soit [[une]] un Chant ou composition: ou [[ie]] i'apporte plusieurs exemples es airs plus celebres auiourdhuy soit Monodi
Title: Abregé de la maniere des Tons
Editor: Massimo Redaelli
Source: Florence, Biblioteca Marucelliana, MS A.294, f. <1r>-<18r>
Abregé de la maniere des Tons [Qui monstre en [[peu]] un petit discours]] [peu de mots tout corr. supra lin.] ce que l'Auteur a traitè plus amplement en plusieurus [peusierus ante corr.] Discours Italiens touchant les Tons ou Harmonies des Anciens par luj heureusement renouuellees et remises en usage in marg.] Les Tons [[anciens et ueritables]]; des-quels ceux d'auiour d'huy ne sont qu'une ombre et une image [[s'appelloient par les meilleurs auteurs Grecs Harmonies, Tons et Modes quoy que le premier nom leur soit plus [propre et supra lin.] conuenable et propre par ce qu'il contient]] sont appellez d'ordinaire par les meilleurs Auteurs Grecs Harmonies; quoy que les plus modernes les ayent [[<...>]] [nomez corr. supra lin.] plus comunement [[nomez]] Tons et Modes. Mais la premiere appelation leurs est plus [[propre]] [caute et corr. supra lin.] conuenable: d'autant qu'elle comprend la [[proprie]] signification plus propre et particuliere de deux autres. Car [[il]] non seulement ils se chantoient par [[differ]] les diuerses especes d'octaue, en quoy consiste le [la ante corr.] Mode: mais [[auec diue]] plus haut ou bas [[en quoy gist le Ton]] selon le rang et ordre de chascun: en quoy gist [gyst ante corr.] propriement le Ton: ueu qu'entre les autres significations qu' a ceste diction [[apres des]] [chez les corr. supra lin.] anciens et [[des]] [les corr. supra lin.] [[ceste cy]] [celle la corr. supra lin.] en est une, quand nous disons qu'on chante plus haut ou plus bas: ou pour mieux dire en differente tension de uoix; se auoir plus aigue ou plus graue. Et d'autant que chascune Harmonie auoit le Ton et le Mode [[<..>]] conuenable in sa nature et office; car le plus [[gaillards]] [gays corr. supra lin.]; quant a l'espece [--] se chantent aussi auec une [[tension de]] uoix [[pl aigue et gaillarde]] [tendre et alegre corr. supra lin.]; et les plus melancholique quant au [[l'espece]] Mode pareillement auec une tension de uoix plus lasche et [[grauei]] [basse corr. supra lin.] de la prouenou. [[La grand' partie]] principaleme la grand [grande ante corr.] [[efficace et]] force et efficace qu'ils auoient sur les passions humaines; et la grande disite qu'on entendoit de l'une a l'autre. [[Mais aux Tons d'auiour d'huy]] Ioinct qu'ils auoient chascun leur propre Systeme, ou Eschelle ou [[Accord]] Suitte de sons accordez (qui est proprement ce qu'on dict Harmonie) de façon que l'une ne se continuoit [continu ante corr.] pas auec l'autre come [[il s]] se fait [[<..>]] aux Tons d'auiour d'huy qu ne contiennent pas differens Systemes [[ou Accords]], mais ne sont que parties d'un me prinses ou plus bas ou plus haut: et de uient [uiet ante corr.] que quand on passe de l'un' a l'autre on y entend presque point de diuersitè a cause du rapport out relation de contintè: qui est entre [[]] [les corr. supra lin.] parties [[de Systeme et l']] d'un mesme Systeme ou Harmonie. De plus ces Tons moderne ne pouent auoir aucune efficace [[de con]] considerable: car ou ils se chatent [[mesmes]] [tous corr. supra lin.] en la mesme tension de uoix c'e a scauoir en la plus commode, et celle qu on dict le Ton de chapelle; comme quand on chante sans Instrumens ou bien au contraire de ce qu'il fait: par example si l'on chante une piece du sixieme Ton ou espece de C sol fa ut, qui est [[alegre]] de nature alegre et une autre du troisieme E la mi; qui est [[fort]] de sa nature fort triste: [[cestay]] [[on]] [que l'on supra lin.] garderà ou auec [--] l'aide des Instrumens ou autrement, leur uraye distance, il est assez clair que [[ce long cy]] ceste seconde piece se chanterà une tierce maieure plus haut (car il y'a autant du C a l'E) que la premiere: et par consequent ce qui est melancolique par la Mode, deuiendrà gaillard par le Ton; et au rebours ce qui est d'une Mode ou espece alegre et gaillarde [[<..>]] reussirà triste et languissant par le Ton ou tension de uoix la quelle [[repugnance ou]] contrarietè oste sans doute [[gra]] la plus grande actiuitè et difference qui [[<..>]] puisse eschoir aux Tons d'auiour d'huy. Les quels parce qu'ils sont compris dans les termes d'une octaue, et toutes les pieces ou modulations ne se rapportent precisement a ceste mesme, [[d]] ils les a faller diursifier en superflus diminuez, entiers, meslez et autres telles subtilitez inutiles. Et n'est pas possible de finir une composition a plusieur parties dans un seul Ton: mais deux au moins y sont necessaires. Cela n'aduenoit pas aux anciens: ueu que chascun d'iceux auoit l'estendue de la Quinsiesme ou deux octaues au regard des uoix humaines; et pour les Instrumens [ils supra lin.] n'auoient point de terme limité. Car ils poueroient auoir l'estendue de trois octaues, de quattre ou d'aduantage. Les anciens auoient aussi leurs Instrumens uersifiez [[selons]] et accomodez a chasque harmonie de sorte: par exemple un Concert de flutes Doriennes, en autre des Phrygiennes, Lydiennes et cetera [[mas<.>]] uoire [[dans un mesme les]] [aux corr. supra lin.] Instrumens plus parfaicts, comme aux orgues (ainsi que i'ay monstrè dans mon Compendio, par le tesmoyinage de Tertullien) ils auoient plusierus Tons ou Harmonies [--] tellement [[disposees]] [arrangees corr. supra lin.] [[<..>]] qu'on pououit passer commodement de l'un a l'autre, et faire les Muances quae les Grecs appellent metabolas, en quoy consisté la plus grande se et delicatesse de la musique: comme [[l']] on peut uoir [[aux]] [en corr. supra lin.] Instrumens qui on a desia commence a fabriquer a Rome a ceste Imitation per exemple le nostre Violes [et Violons supra lin.] Diarmoniques et les clauecins Diarmoniques et Triarmoniques: le quels contiennuent urayement trois Harmonies principalles; scauoir l'Hypolydienne, la Dorienne et la Phrygienne, auec leurs clauiers separez: mais les autres y sont aussy [compris; in marg.] soit aux touches noires [et extraordinaires supra lin.] qu'on diroit en Grec enharmoniques; soit meslee de deux rangs des ordinaires [(qu'on appelle Diatoniques) supra lin.] et des extraordinaires; a cause de l'estendue de quattre octaues, qui comprend [aussi in marg.] les plagauz ou subalternes d'en bas et d'en haut: de façon qu'on pouerou aussi les nommer Panarmoniques. [[De ceste]] Ce renouuellement des Tons nous fait comprendre plusieurs ueritez qui [ont este supra lin.] iusq'a present [[ont este]] [tout a f] incognue: par exemple que les Instrumens d'un simple Accord ou Suitte de sons, [[seulement]] comme là Harpe a un seul rang des cordes, pro par un seul Ton; estants les autres [[<...>]] [<.....> corr. supra lin.] [-mens in marg.] meslangez de plusieurs et [[<...>]] presque Panarmoniques, comme les appelle Platon en sa Republique. Que les Instrumens qu'on appelle en Italie chromatiques et Enharmoniques se deurient appeller plustot [[Pa]] de ce mesme nom Panarmoniques; d'autant qu'il [[sont]] ne sont qu'un meslange de plusieurs Tons ou Harmonies, et contennent un seul Systeme; mais presse [--] ou expressè de plusieurs sons accidentels [accedentelles ante corr.]: le quels sont neaumoins naturels en autres Tons: comme on recognoist quand on les dispose par leur ordre naturel comme en notrez Instrumens surdicts. Que les compositions qu'on estime communement Chromatiques; c'est a scauoir celles qui sont meslanges de dieses # et b mols, ne sont point telles d'ordinaire; mais metaboliques; ou [[<...>]] alterees des sons des dieses harmoniqs: ne se trouuant aux modulations d'auiour d'huy que fort rarement des [[harm]] passages chromatique: comme quand deuz semitons s'entre suiuent. Que les cordes que les meilleurs Auteurs par exemple le Zarlin n'ont sçeu discerner quelles estoient, ne les reconoissans Diatoniques, Chromatiques ny Enharmoniques sont ueritablement Diatoniques; mais comme amputees d'un Ton estranger, et different du naturel ou [[fondamental] Hypothematique; qui est celuy au quel est fondee principalement la modulation; et se rapporte aux touches blanches du clauier, [[et]] [comme corr. supra lin.] les autres uoix accidentales ou metaboliques aux noires. De telle sorte sont [[les]] ces cordes D la sol re et G sol re ut rehausses, auec le diese, ou signe #; qu'on dict en France la feinte de D la sol re et G sol re ut: car la feinte de C sol fa ut, et [[de]] d'F fa ut, quoy que ordinaire on ne s'en serue pas pur chromatiques, ne au moins soit aussi cordes Chromatiques. Qu'ayant commence les Modernes depuis cent ans en ca et particulierement [[ <..> s<.>it<..>]] les Italiens de ce siecle [[on a]] [a se seruir de plusieurs b mols et dieses on a corr. supra lin.] en quelque façon recogneu la necessitè qu'on uoit de ces meslanges d'Harmonies ur faire [--] les chants pathetiques et charmans: encores qu'ils ne facent de [[urays]] changemens de Ton ou Harmonie: faute de n'en auoir pas en la cognoissance, se contentans de [[changer]] [toucher corr. supra lin.] quelque corde [[exparsement]] [accidentale corr. supra lin.] or' ca or la; plustot [[p<..>]] changer les consonances, que l'air de la modulation; encores que cecy [s' supra lin.] ensuiue. Que par l'usage de ces diuerses Harmonies on pouura merueilleusement perfectioner la Musique. car les modulations de ceste sorte auront ensemble la douceur et naturelle suauite d'orland' lassus, et de Cyprian de Rore et la uarietè Pathetique qu'on entend aux Madrigals du Prince Venusin. Que tout clauecin ou Orgue est ueritablement et se peut nommer chromatique: mais pour en seul Ton [[est]] [estant corr. supra lin.] suffisant pour cela le deux fa du C et [[du]] F rehaussez auec le diese # et la corde b fa du Sisteme [[coniunct]] Coniunct. Que ce passage par consequent [Doni, Abregé de la maniere des Tons, 3v] ou l'on uoit cinq semitons de suitte, est ueritablement chromatique; mais d'une espece de chromatique mesle du Diatonic et d [un supra lin.] autre Ton: car la premiere, seconde et sixiesme note sont cordes communes au Diatonic et Chromatic la troisiesme seule est propre chromatique: la quatriesme est particuliere Diatonique; et la cinquiesme est Diatonique aussi, mais estrangere en ce Ton, et naturale en un' autre [[uerbigratia]] n'estant p naturale que l'E la mi du Phrygien, si nous [[suppo]] propo[[<....> supra lin.]] cette modulation au Dorien; comme l'on peut uoire [--] figures ou Tablature d'iceaux et aux Instrumens surmentionnez. [[Mais pour donner]] Qu'aux Instrumens qui contiennent [[aux touches]] [as marches supra lin.] noires une simple suitte de sons sç'auoir cinqu dieses #, ou cinq b mols, il y a [[er]] urayement deux entiers harmonies la naturelle ou hypothematique [[aux touches]] [as marches supra lin.] blanches, et l'autre [[aux]] [as cor. supra lin.] noires; qui se sent aussi de deux autres [[touches]] [marches corr. supra lin.] de la premiere et ne se peut pratiquer si librement qu' icelle; pour n'auoir ses [[touches]] [marches corr. supra lin.] ioiguans l'une a l'autre. Et d'autant que tuoute sorte [[de]] [d'Harmonie ou corr. supra lin.] Suitte Harmonique [[ou Harmonie]] marquee auec des signes accidentels [accidentelles ante corr.] se peut et se doit rapporter a [[qu]] une de sept especes [[d'octaue]] naturelles d'octaue, et proceder auec les mesmes syllabes Vt, re, mi, fa et cetera les b mols ne peuuent iamais entrer dans la suitte ou progression des dieses, ny les dieses dans celle de b mols: d'autant que de ce meslange en prouennent des interualles extrauagans, et non receuables [[aux]] [dans les corr. supra lin.] Harmonies: comme de tons augmentez ou diminuez. C'est pourquay nous auons fort raisonnablement en noz Instrumens qui ont toutes le cinq [[touches]] [marches corr. supra lin.] noires diuisees en deux, mis les b mols a part: sçauoir au premier rang et [[<..>]] les dieses aussi au second: encores qu'aux clauecins ordinaires il y [[aigenut]] [ait corr. supra lin.] des bmols et des dieses meslez; comme l'on uoit icy: ou les notes noires representant les [[touches noires]] [marches pareillement noires corr. supra lin.] [Doni, Abregé de la maniere des Tons, 4r] Quelqu'un pourroit dire que nous auons auiourdhuy aussy quelque cognoissance des Tons diferens [[car le]] [ueu que le corr. supra lin.] [--] Ton Coriste de Rome n'est pas semblance a celuy de France; ny a celuy de Lombardi comme on recognoist par les flaustes et Cornets [[qu'on y]] qui uiennent de la: qui sont plus hauts d'ordinaire un ton, ou un ton et demy, que le Coriste de Rome I'ai uoue bien que les Instrumens de Rome sont un semiton plus bas que ceux de Florence et ceux de Florence tout de mesme plus bas que ceux de Lombardie; et qu'il y auont la mesme difference anciennement entre le Ton Dorien, Iestien ou Ionien et le Phrygien: mais il y'a [toutesfois supra lin.] grand disparite car noz Tons [[d]] hodiernes n'ont point [[autre]] difference que la tension plus aigne ou plus graue; c'est a dire ne [[d]] se diuersifient point au Mode: car tous commencent par exemple [[au]] [en corr. supra lin.] C sol fa ut: mais les anciens auoient l'une et l'autre diuersitè, de la Mode et du Ton: et pour ceste [[cause]] estoient [ueritablement supra lin.] diuerses Harmonies: car si la fleute Phrygienne, par example, disoit au premier trou Re, la Lydienne plus haute d'un Ton, disoit au mesme trou, Vt; et commencoit sa suite Harmonique par deux tons Vt, Re, Mi: comme la Phrygienne par un seul Re, Mi, Fa. En fin la diuersitè des Tons hodiernes n'est autre que celle qu'on entend au clauecin fabriquè par Jacques Ramerin Florentin; au quel par le changement des ressorts le mesme clauier sert plusieurs Tons differens par degrez semitoniques, s'il faut ainsi dire; c'est a scauoir a celuy de la quarte basse du [[Romain]] [[corr. Neapolitain supra lin et in marg.]] [Romain corr. supra lin.] que nous pourrions dire l'Hypodorien, au [--] Napoletain qui respondroit a l'Hypolydien [[<..>]] Romain [[qu]] ou Dorien, au Florentin ou Ionien; [[<..>]] a celuy de Lombardie ou Phrygien. Mais les harmonies differentes se uoyent [[<.>]] en diuers clauiers fabriques par Jean Pierre Pol pour l'Eminentissime Cardinal Antoine Barberyn; pur l'Illustrissime Seigneur Don Camille Colonne de la maisone de Zagarole; pour se Seigneur Pierre de la Val; pour moy et d'autres. Ces simples Tons se uoyent pareillement marquez au liures du Zarlin, du Galilee, et d'autres tels bons auteurs de musique; [[mais sans la diuersitè [[nec]] du Mode necess]] qui les disponent selon Aristoxene: mais sans la diuersitè du Mode necessaire pour formair ces differentes Harmonies des anciens. quoi que Galilee en' ait en qualque eu de lumiere du Seigneur Iean de Bardy et du Seigneur Herosme Mei, mes compatriotes; qu'ils introduct dans son Dialogue. Mais pour en donner quelque cognoissance il faut scauoir que les plus anciennes et generalles Harmonies sont trois, la Dorienne la Phrygienne, et la Lydienne: la premiere des quelles estoit [estoient ante corr.] [seule supra lin.] [[<..>]] naturelle aux Grecs; et les deux autres [[des Phrygiens et des Lydiens [[]] dont elles passerent a l'usage Gregeuis]] empruntees de ces nations uoisines et meslee auec eux La Dorienne qui de tout temps a este la plus estimee et celebre, se chantoit et iouoit auec un son naturel et [[p<.>]] repose; et comme si nous dirions au Ton de chappelle de chaque pays: s'appliquant d'ordinaire a des matieres graues, et suiuant un style et proprietè de semblable nature. Le Phrygien se chantoit un [--] ton plus haut et seruoit d'ordinaire pour des subiects uigoreux et gaillards, pour le quelle [[cose]] [cause corr. supra lin.] on l'accompagnoit d'autres circonstances semblables, scauoir des uers, Ritmes et procedure et cetera La Lydienne pareillement se chantoit un ton plus haut de la Phrygienne et [[une tierce m]] deux sur la Dorienne: et comunement s'accomodoit aux modulations ioyeuses et lasciues: et a la lus part des dances et [[sor]] choses semblables. Ces trois Harmonies estoient fondees sur le trois especes de quarte Mi fa sol la pour la Dorienne re mi fa sol pour la Phrygienne et Vt re mi fa pour la Lydienne qui sont comme les premieres sources des Modes De deppuis on y adiousta le Myxolydien [[ou Hypolydien]] inuentè par la poetesse Sappho et formant un Sisteme qui reuienne a la quarte [[haute]] en haut du Dorienne: appelle aussi pour ceste causon Hyperdorien: comme qui diroit plagal d'enhaut: le quel estoit le plus triste et lugubre des [[autres]] [tous corr. supra lin.]: et pourcela grandement pratique, comme le tesmoyine Aristote aux chours des Tragedies [[A imitation de cestes comme ie croy l'on forma du depuis les autres trois Hypodorien, Hypophrygien et Hypolydien adiustant a chacun des trois principales un plagal embas et en distance de quarte et pareillement eslongez entr' eux un ton, les diuesifiants par les autres especes [[de]] d'octaue qui restoient: de façon que le nombre de sept fut parcacheuè]] Par cest accroissement [[les]] [chascun des in marg.] quattres espece de Quinte [[se]] se troue employee [[e aux qua]] a ces mesme quattre tons Mi fa l [--] re mi, au Myxolidien, Fa sol re mi fa au Lydien Vt re mi fa sol au Phrygien Re mi fa sol la au Dorien: encores qu'il uaux meiux [[les]] de les accomoder aux [[Mixol]] quattre plagaux et posterieurs y comprenant le Mixolydien Mais il faut remarquer que ces quattre reuiennent fort bien a autant de diuersitez qu'a la musique en la [[propr]] qualitè de ses Melodies car la premiere est la Paisible et temperez; qui respond au Dorien: [[la]] les Grecs l'appeloient hesychastique: la seconde est l'ecstatique ou impetueuse qui respond au Phrygien appellee par les Grecs enthousiastique: la troisiesme est la Resioussante ou alegre qui respond au Lydien qu'on disoit en Grec Diastaltique et la quatriesme la Melancolique ou languissante qui respond au Mixolydien nommee par les Grecs Systaltique. Et n'est pas possible [[de e<.>]] [d'y corr. supra lin.] trouer d'autres especes ou differences comme quelques un s'imaginoit si ce n'est qu'on y adioust les paroles. Car ainsi une melodie sera operatiue de la cholere un'autre de la lubricitè, de la colere et [[sembla]] autres semblables passions et constumes. Mais a imitation du Mixolydien comme ie croy l'on forma du depuis les autres trois Hypodorien Hypophrygien et Hypolydien adioustant a chascun des principales un plagal embas en distance de Quarte et pareillement eslongez entr'eux un ton: les diuersifians par les autres especes d'Octaue qui restoient: de façon que le nombre de sept fut accompli. auec la distance d'une septiesme mineure ou deux [--] Quartes du plus bas Hypodorien au plus haut Hyperdorien ou Mixolydien: demeurant le Dorien au milieu comme le Soleil parmy les planetes. Au reste il n'y a pas grand difficultè a sçauoir par quelle espece d'octaue chascun Ton prodoit: car tous les anciens auteurs en parlent si concordement qu'il n'est possible de plus. Et ie m'estunne comme quelques un ait osè dir qu'il y a de la contrarietè en leur doctrine: ueu que Ptolomee, Aristide Quintilien<,> Boece, Bacchus [[<.>]] Euclides ou Cleonides, Gaudence, Pappus, Theon et s'[[yl]] il y a d'autres tel auteurs d'Introductions disent tous d'une uoix que l'octaue de la Paramese a l'Hypate Hypaton c'est a dire du [sqb] mi d'en haut au [sqb] [sqb] mi d'embas formoit la Mode Mixolydienne C, c la Lydienne D d la Phrygienne, E e la Dorienne F f l'Hypolydienne G g l'Hypophrygienne et A a l'Hypodorienne: de façon que les especes plus [[en bas d<.>]] basses dans le Systeme s'accomodent aux Tons ou harmonies plus hautes [[et les plus hautes aux plus B]] [[tous de mesme]] selon leur mesme distance c'est a dire que tout ainsi que il y a un demy-ton d'E la mi a F fa ut autant il y a, [[<..>]] de l'Harmonie Dorienne a l'Hypolydienne: mais il faut reuerser les octaues metant [[en bas F, fa et]] au dessubs F, f et au dessus E, e. Car le [[ordre]] [rang corr. supra lin.] de Tons suit l'ordre naturel des cordes Diatoniques du Systeme mais au rebours: comme ie dis au second chapitre de mon Compendio. En quoy gist tout le secret de ceste importante doctrine: n'estant pas possible d'accorder autrement ces dictes especes auec les distances que les anciens auteurs assignent [--] a leurs Tons: Car si l'on suit la Disposition de Zarlin et de Salinas, qui donnent l'espece G g a l'Hypodorien, A a, a l'Hypophrygien et cetera il est uray que les distances conuenables s'y rencontreront , scauoir d'un ton entre [[le<..>]] ces deux et autant entre l'Hypophrygien et l'Hypodorien: du demyton entre cestuyen et le Dorien: mais leurs especes ne s'y trouuent pas: mais sont toutes changees et transposees au contraire comme l'on uoit [[<..>l]] en l'Hypodorien et l'Hypophrygien susdicts. m'estonnant bien fort comme ils ayent [[pen]] faiet si peu d'estat particulierment de la doctrine de Boece qui donne espressement l'espece de la Mese au Proslambanomenos cauoir a, A a l'Hypodorien. Mais eux et les autres se sont trompez en ce que ne se pouuais imaginer que les Anciens eussent differens Systemes en leurs Tons et prenans les especes [absolument supra lin.] pour les Modes ou pour mieux n'expliquer les Modes in abstracto pour les Systemes ou Modes in concreto comme qui dirait la Blancheur pour le Blanc [[n'ont po]] [[ne poidrent]] ne prirent pas bien ces mots de Boece. Sit in in Diatonico genere uocem [[ordine]] ordo dispositus a Proslambanomene in Neten Hyperbolaeon: atque hic sit Hypodorius Modus: Si quis Proslambanomenon in acutum intendat tono: hypatenque hypaton eodem tono attenuet: caeterasque phtongorum omnes faciat acutiores, acutior totus ordo proueniet quam fuit prius. [quam tonus susciperit intentionem supra lin.] Erit igitur tota constitutio acutior effecta, Hypophrygius [--] Modus et cetera. Il penserent doncques que ces paroles Si quis Proslambanomenon in acutum intendat tono; ne signifiassent autre chose [[sinon]] [si non corr. supra lin.] que si apres l'octaue A, a on formerà un ton plus haut l'octaue [sqb] [sqb] [sqb] < >ra la Mode Hypophrygienne: au lieu qu'il fa<...> entendre si apres auoir conçers auec l'espece ou remarqué actuellement sur quelque Instrument un Sisteme ferme et arrestè de deux octaues depuis [[A iusques a]] le Proslambanomen iusques a la Nete Hyperboleon a l'on confermerà pareillement un autre tel Sisteme ou Eschelle de musique de mesme mesure un Ton plus haut l'on aura le Mode Hypophrygienne. On il faut remarquer qu' encores que [[ceste application du Sisteme Hypophrygien a l'Hypodorien]] ce Sisteme [ainsi supra lin.] appliquè [[de la sort]] apt se [[extremite term extremes scauoir la plus basse et la plus haute corde de la double octaue unisons et correspondans]] son terme ou extremite scauoir sa premiere et plus basse corde [[de la double]] unisone et respondente a l'Hypate Hyaton ou [sqb] [sqb] mi d'embas de l'Hypodorien ne au moins il s'en suiuoit un autre bien differente harmonie ou Mode ueu que si dans l'estendue d'un octaue [[no]] l'hausse ou abbaisse le six cordes du milieu demeurants fermes le deux extremens ou la changera en quelle espece on uoudrà Mais tout cecy se declare mieux par la figure qui suit ou l'on uoit dans l'octaue de [sqb] [sqb] [sqb] mi formees deux especes differentes l'une d'A, a, re et l'autre de G sol re ut: ou [--] il faut supposer que le changement des interualles (qui se monstre par les signes accedentals) changes aussi le nom et l'intonation des notes ou cordes par exemple si l'on adiouste le diese # au fa il diuientra un Mi et par consequent doura prendre pour E la mi ou pour [sbq] mi et ainsi des autres [Doni, Abregé de la maniere des Tons, 8r] Or il est assez euident que la seconde rengee de [Notes in marg.] monstre un Sisteme ou espece semblable a la premiere naturelle que nous supportons estre l'Harmonie Hypodorienne car si nous examinons ses interualles ou les assiettes de tons et semitons nous les trouuerons de la mesme façon disposez que en la premiere [mais un ton plus haut. in marg.] et que de tout de mesme on y lit Re, mi, fa, Re, mi, fa, sol, la: [[mais]] la troisiesme a une espece ou progression differente: car on y lit Vt, re, mi, fa, re, mi, fa, sol: et par consequent ce n'est pas autre chose que l'espece de G, g sol re ut, mais notee auec des signes accidentels. Il faut doncques s'imaginer que ces deux octaues ainsi representee soyent formees sur quelque clauecin ou autre tel Instrument auec l'aide de [[touches]] [marches corr. supra lin.] noires ce qu'on appelle une musique feinte ou transportee. Car en effect la seconde n'est autre chose que [che ante corr.] l'octaue A, a transportee un ton plus haut: et la troisiesme l'octaue G g transportee tout de [--] mesme un ton plus haute de l'octaue A a, ou bien deux tons plus haute de l'octaue G g naturelle que nous nous pouurons imaginer au dessoubs de ceste octaue A, a Hypodorienne Mais pour nous les representer comme Systemes differens et separee l'un de l'autre [[comme]] [selon corr. supra lin.] [qu' in marg.] il estoient disposee anciennement dans les Diagrammes [[et]] ou Tablatures noire dans les Instrumens mesmes comme ceu que nous auons fait fabriquer a Rome auec des clauiers ou Harmonies differentes il [[faut]] se faut seruir de deux diuerses clefs qui monstrient excellemment la diuersitè des escalles ou Systemes en la façon qui suit [Doni, Abregé de la maniere des Tons, 8v] [[Ou il faut scauoir]] Ou l'on uoit [comme supra lin.] par le moyen de ces notes singulieres ou du [sqb] mi Hypodorien et des ligatures le [la ante corr.] rapport que les deux dernieres Systemes ont pour l'Intonation et pour la distance auec le premier Hypodorien: estant assez euident que le Re du second et l'Vt du troisiesme se [[unis]] prononce unison au Mi du dict Hypodorien. Il'y a doncques de quoy s'estonner que Glarean et ceux qui deuant luy tascherent de confronter les [[To]] faux Tons [[Eccl]] Modernes ou Ecclesiastiques aux Anciens ne se soient point apparceu [apparceuu ante corr.] que le Hypophrygien ne pouuoit nullement reuenir a l'espece [[[sqb]]] du [sqb] mi ny l'Hypolydien a celle de C sol fa ut. Car [[comb]] outre que les especes [--] ne se confrontent pas auec celles que les auteurs anciens cy deuant nommez leur donnent il n'y a qu'un semiton du [sqb] [sqb] mi au C sol fa ut toutes foix la distance de l'Hypolydien a l'Hypophrygien doit estre d'un ton entier. Il falloit doncques, monstrer la distance de l'Hypophrygien a l'Hypodorien par l'octaue [de supra lin.] [sqb], mi mais pour monstrer [son propre supra lin.] [[sa]] Mode ou espece changer [[les int]] la suite des tons et semitons comme nous auons faict. Et semblablement pour garder la distance d'une tierce maieure de l'Hypolydien a l'Hypodorien le prendre non point depuis la corde C sol fa ut Diatonique a son octaue en haut mais bien depuis la feinte de C sol fa ut c'est a dire le C sol fa ut Chromatique iusqu'a son octaue, changeant aussi ses interualles du milieu pour former [[son espe]] la propre espece ou Mode. Mais il faut aduertir que la seconde rengee cydessus monstre tant seulement la diuersitè du simple Ton c'est a dire la mesme octaue d'A la mi re ou espece Hypodorienne prise un ton plus haut qui n'est pas proprement differente Harmonie comme la troisiesme qui monstre tout ensemble la diuersitè de Ton et de Mode Au reste la Mode se peut aussi separer du Ton: parce que si l'on maintient formes les [[termes]] [formes corr. supra lin.] de l'octaue Hypodorienne et que l'on change les interualles et cordes du milieu, on ferà une [[Muta]] Nuance de Mode [[du]] tout pur et simple comme icy se uoit [Doni, Abregé de la maniere des Tons, 9r; text: Hypodorien, Ton, Mode Hypophrygienne] [--] Il'est donc certain que si l'on chanterà la seconde octaue comme elle est notee on chanterà au mesme Ton de uoix que la premier mais par une espece ou Mode diuerse qui ne dit plus re, mi, fa, re et cetera mais Vt, re, mi, fa et cetera. De façon que pour euiter les equiuoques [[pour]] [en corr. supra lin.] monstrer la diuersitè qu'auoient les Anciens en leur, Dorien, Phrygien et cetera il uerrà mieux les nomer Harmonies que Tons ou Modes [[qui ne sont]] les quels termes ne declarent pas tuot ce qu'il faut. Or de ces deux connexions de l'Hypophrygien auec le Hypodorien, la premiere des quelles monstre la seule diuersitè du Ton et la seconde de l'Harmonie tout ensemble i'appelle celle la Connexion Melodique d'autant que la Melodie signifie proprement le chant humain et ceste cy organique [[d]] pour ce qu'elle est plus conuenable aux Instrumens qui s'appellent organa en Grec. La raison de cecy est que les uoix humaines se plient comme l'on ueut et par ainsi on peut en modulant l'Hypophrygien garder son Harmonie proprie ou sa Mode [[commenceant]] commençant son Systeme par l'A et par la diction Re comme l'Hypodorien moyennant que l'on garde les interualles conuenables. Mais les [[Instrumens ne pouuent faire cela]] particulierement ceux qu'ont leurs uoix arrestees comme les orgues et clauecins ne pouuuent faire cela car une corde que dict Re ne peut dire Vt et cetera De sorte que si on ueut disposer sur un Instrumens deux clauiers [[pour]] l'un pour l'Hypodorien l'autre pour l'Hypophrygien il uaut bien mieux accorder le second par l'octaue G g un ton plus haut que la premiere, que la disposer tout de mesme que l'Hypodorienne depuis A [[iusque a<..>]] la mi re a l'autre. Car quoy qu'on la puisse faire reuen [--] la mesme espece du G sol re ut en passant par les cordes # C, # F [[cela n'est pas neaumoins si aise]] et per les [[touches]] [marches corr. supra lin.] noires, cela [[n'est pas neaumoins si aise pro]] est toutesfois fort difficile particulierement quand il faut changer toutes ou la pluspart des cordes comme il succede quand l'on [[uout <....> <..>]] conioinct deux harmonies [[ensemble]] de celles qui ont grand disparitè ensemble. Les anciens auoient ainsi un' autre methode de pratiquer leurs Tons ou Harmonies aux tablatures et intonations la quelle estoit fort ingenieuse et commode. C'est porquoy ie la ueux expliquer par la figure qui suit ou il faut sauoir qu'ils appelloient le Systeme Hypodorien [[stabile]] Immobile et commun purce qu'il estoit comme le fondement des autres et n'y falloit faire aucun changement comme aux six autres qui se fondoient quasi sur luy et receuoient quelque nuance en la pratique du chant et pour cela s'appelloient Mobiles. C'est pour quoy l'on uerrà icy le seul Hypodorien dispose naturellement par les maiuscules et l'octaue d'en bas et en haut pour les petites lettres la difference des tons et semitons se demonstre pour les espaces plus grand ou plus petits. I'ay contregne aussi le cords du Tetracorde conionct par le b rond et les deux autres poinctees pource qu'elles sont differentes aux syllabes, Re, mi, fa, et cetera et ne sont pas tousiours unissones auec leurs paralelles du Tetracord separe comme par example en l'accord parfait et en d'autres diuisions [--] Or il faut predre garde icy qu' en la lign de la Moyenne Hypodorienne se renconrent toutes le sept cordes et lettres cardinales de chasque Ton c'est a dir celles qui forment et monstre leur propre espece: de façon que [[cont]] si depuis ce terme l'on continue [[pour]] [la progression d' corr. supra lin.] une octaue en haut en chasque Systeme l'on formerà sept Modes ou especes diuerses qui se chanteront au mesme Ton des uoix: comme l'on formerit sept Tons differens [[et semblables une]] [mais corr. supra lin.] d'une mesme espece ou Mode si l'on commençoit depuis la Proslambanomen ou premiere corde d'embas en chascun. [[Pour]] [Mais corr. supra lin.] pour former [[doncques]] sept diuerses Harmonies il faut faire ainsi laissant l'Hypodorien comme il est [[pr]] on prendra au Systeme Hypophrygien la corde qui respond a la Moenne de cestuy la ou la premiere qui soit notee par une maiuscule [[s<..> <..>]] scauoir le So des Moyennes signee G le transportant auec [[la fantaisie au]] [l'Imagination corr. supra lin.] [[au]] [[en le corr. supra lin.]] Proslambanomeon car ainsi ce qui reste du Systeme en haut (que <...> nous deuons imaginer comme une quantitè continue) s'ensuiura quant et quant. Et d'autant que cette corde G dit Vt <.> si l'on uoudra chanter l'Harmonie Hypophrygienne depuis son commcement d'embas on la pronouncera comme est dit et unisone au [sqb] [sqb] ou Mi Hypodorien continuant tout le Systeme entier [[s<.>]] de dette octaue si on ueut Semblablement si on uoudra intoner tout de mesme [[le]] l'Harmonie Hypolydienne on prendrà sa corde [cardinelle supra lin.] F ou le fa des Moyennes la transportant en la Basse a et prononçant fa unisone au Mi ou Hypate Hypaton Hypophrygienne ou plustot (pour garded tousiours le mesme rapport a l'Hypodorien) unisone [--] a la corde # C [[a scauo]] Hypodorienne scauoir a sa Lichanos Hypaton chromatique et en faire tout de mesme aux autres Systemens qui restent. Ceste pratique uous est assaiz clairement monstree par Gaudence ancien musicien Grec (quoy on le nomme le philosophe) en son Introduction. [[Il semble que les anciens l'ayent suiuie]] la quelle [pratique supra lin.] il semble que les anciens ayent choise pour mieux garder l'uniformitè des Systemes le reduisant touts au Commun ou Hypodorien ne iugeant point a propos de monstrer par exemple la corde Proslambanomos A qui est la plus basse en autre lieu qu'au sien propre: quoy qu'a la ueritè l'autre connexion organique qui monstre tout en un instant la [[Mode]] diuersitè du Mode et du Ton c'est a dire l'Harmonie tout entiere soit plus commode pour la pratique. C'est porquoy ie la ueux representer icy en deux façons: premierement selon la tablature ordinaire et commune et puis apres selon la nostre, en une seule octaue pour [[m'ende<..>scher plustot:]] euiter la prolixite aux ceste difference toutesfois qu'en la premiere connexion le rapport se fait tousiours au Ton Hypodorien Immobile et en la seconde au prochain d'embas [[Or l'on doit]] Ces notes noires et [singulieres qu'on uoit icy rapportees a la mesme clef de l'Hypodorien ne seruent que pour monstrer l'unison et correspondance des premieres [[chordes]] et [[cordes]] speciales chordes des [[des autres son Harmonies]] (et consequentement des autres) des six Harmonies auec les chordes de l'Hypodorienne: par le moyen de ces ligatures qui [[pourquoys]] [[le quelles <......> icy]] font cognoistre que l'Vt ou le G Vt Hypophrygien se doit [[pr]] chanter unison au Mi ou [sqb] mi Hypodorien. Le fa ou F fa Hypolydien unison au [[Re unis]] fa chromatic # C du mesme Hypodorien. Le Mi ou E mi Dorien au Re ou D re Hypodoriens et cetera in marg.]] [Doni, Abregé de la maniere des Tons, 11r-11v; text: Hypodorien, Hypophrygien, Hypolydien, [[Dorien]], Phrygien, Lydien, Mixolydien] [--] On pouura remarquer icy en passant plusieurs choses assez considerables. Premierement Qu'on y a une tierce maieure ou deux tons entre les chordes Synonymes de deux Systemes esloignez entr'eux un ton si on compare un octaue ou Mode auec l'autre par exemple la Phrygienne auec la Dorienne ou l'Hypophrygienne auec l'Hypodorienne. ce qui pouroit assez par les clefs mesme qui sont autant esloigneez ensemble. Mais [[les]] [de deux corr. supra lin.] Systemes [[qui sont]] [[un sem<.>]] [qui in marg.] ont la distance d'un semiton comme l'Hypolydien et le Dorien leurs chordes Synonymes se trouueront esloingees deux semitons c'este a dire un peu plus qu'un ton pour parler en practicien. car tousiours la connexion Modale doubles les distances des cordes Synonimes d'un Syme a l'autre [[de façon que les]] par exemple La moyenne a la mi re (a la quelle il uaut tousiours mieux se rapporter) [[de l'Hypophrygien]] du Dorien qui est esloignee un ton de la Moyenne du Phrygienne selon la connexion Tonique ou Melodique se trouerà distante deux [--] selon la Modale organique: et s'esloignant la Moyenne de l'Hypolydien un semiton selon la connexion Tonique se trouerà esloignee deux semitons selon la Modale et organique. Ce qu'il faut aduertir pour ne [[prer]] s'equiuoquer quand l'on cerche la distance qu'ont les urays Tons ensemble. Secondement <.> l'on peut obseruer icy les cordes ou cadences principales de chasque Ton que i'ai contresignè auec le notes carrees. ie dis les principales car il y en a d'autres en chascun qui sont moins principales et ne se prennent que par un [seul supra lin.] costè [[seulement]]. Par exemple le [sqb] mi et le D la sol re au Dorien [[que sont]] [ou elles corr. supra lin.] sont cadentielles en descendant seulement de quoy i'ai monstrè la raison en mes traitez Italiens. Ces cadences moins principales sont tousiours proches d'une seconde des principales et non point une tierce [[q]] comme quelques <...> pouuroient penser. Car celle qui diuisient la quinte en deux tierces ne sont iamais cadentielles au moins aux Tons principaux et Ptolemaiques quoy qu'on s'en serue aux compositions a plusieurs uoix. Mais cela n'importe. car les cadences ne se iugent point par le contrepoint (en quoy l'on se trompe communement) mais par l'air de la simple Melodie. [I'adiouste encores que les cadences du milieau doiuent estre de la mesme nature que celles de dehors c'est a dire qu'au Ton Lydien par exemple la cadence de la quinte doit estre en F fa ut et non point en G sol re ut a fin qu'elle ressemble a celle de l'octaue ou du dehors qui est C sol fa ut et djt [d<.>t ante corr.] fa et non pas Sol comme G sol re ut. Car encors que [sqb] mi responde mieux a e la mi que a la mi re [[toutesfois]] et neaumoins cest cy soit cadence principale du Dorien et non pas l'autre: toutesfois ce la n'importe: car le Dorien est composè de la premiere espece de quarte et de la quatriesme de quinte et a son cadences en Re et en Mi: demeurent les deux Mi pour le Missolydien: [--] en quoy il est plus simple que le Dorien ouibien qu'il luy soit poserieur) comme [[aussi]] il est aussi plus melancholique. in marg.] Mais monstrons la façon comme on peut conioindre les Tons selon ma nouelle methode. [--] Au reste il y auroit assez a discouurir sur d'autres particularitez [[d'impo]] de grande importance sur la materie des Tons comme de causes pour lesquelles une espece ou Mode est plus alegre ou melancolique ou autrement qualifiee d'un autre: de l'ordre de compter les especes des premieres consonances bien differens selon la doctrine des anciens ou Grecs; des demi-anciens ou Boetiens et des derniers Musicines [De la huictiesme Mode qu'il semble que Boece attribuet a Ptolomee et des desordres qui en sont arriuez [arriuee ante corr.] et principalement la multiplication des faux Tons ecclesiastiques iusqu'a douze: le quels tant s'en faut que i'approuue que pour l'usage de l'Eglise et des psalmodies il eust mieux ualu se contenter des quattre plus anciens fondees en autant d'especes de la Quinte que les moltiplier (comme l'on fait dans l'ignorancee des siecles passez) iusqu'a huit augmentez depuis a [--] par Glarean iusqu'a douze: ueu mesmement que les chantans touts d'une mesme teneur de uoix on n'y cognoui gueres de differences; et que plusieurs sont impraticables comme ceux qui ont la [[gra]] quarte en bas ou la tierce mineure Que le Diatonic diuisè selon Ptolomee est plus conuenable au Lydien. celuy de Dydime [Dedyme ante corr.] au Dorien, et l'une et l'autre presque esgalement au Phrygien in marg.] Des raisons qui peuuent donner la preference plustot aux uns qu'aux autres. Que la Mode Hypolydienne n'est presque point en usage auiour d'huy et encores moins la Myxolydienne. Des proprietez que les Anciens et l'esperience Moderne attribuent aux Modes. Des inuenteurs d'iceux et par quel moyens furent establis [--] De leur ancienne pratique et en quel subiects et Instrumens furent employz; et comment [[<..> leur]] on s'en pouuroit encores auiourdhuy commodement seruir. Que tous se peuuent accorder a toutes sortes de Vers. Qu' encore qu' auiourdhuy on ne [[recog]] [marque corr. supra lin.] peut estre tante diuersitez de chant parmy les peuples plus ognues pour le grand meslange et confusion qu'il y a au Monde, toutesfois s'on en faisoit une curieuse recerche, on trouueroit encores pour le present des façons: ou aios fort differents principalement parmy les nations qui retiennent plus de leur antiquitè; comme en Espagne les Briscs, Nauarrens et Asturiens [signum]: en la Gaule les Bais Limosins Ardennas [Ardennat ante corr.] et autres telles: en la grand' Bretagne [Bretangne amte corr.] eux du pays de Galles; [[au]] en Allemagne le Frisiens; en la Grece les [[Epi]] Chimeriotes [Chimeriots ante corr.] Mainotes, et Sphactiotes de Candie. En l'Asie les Lariens, Curdes, Maronites et [[chaldees des montagars]] montagnars [montagars ante corr.] de Chaldee: en la Perse les Gauros Iazdi; ou payens de la prouince de Iazd: et autres tels: sans
arler des chinois et nations plus eslongees [[ou plus faru]] du Leuant, ou [des supra lin.] plus farouches du Septentrion. Et que de leurs chants nationels comme aussi de ceux d'Italie, France, Espagne, Sicilie et autres pais on en pouroit irer des rand' diuersitez de Ports de uoix et semblables
inces, et embellissemens des Airs; et les accomoder moyennant [[un]] le iugement et trauail necessaire, aux Modes; et enrichir par ce moyen [--] la Musique. Des autres Modes moins cogn Iastienne et Eolienne auec leur descendantes: et de [du ante corr.] [[methode]] [la methode corr. supra lin.] que nous auons tenue pour les restabilir: comme aussi des Harmonies plus anciennes rapportees par Aristide Quintilianus; Athenee, Pollux et semblables auteurs. Des diuerses sortes de connexions d'Harmonie [[et comment on accoupler et mettre en tablature non seulement des procheimes mais aussi]] et du moyen de les mettre en tablature [[se]] aussi bien les esloignees que les procheimes. Que pour obseruer les proprietez et differences particulieres des Modes il faut auoir esgard non seulement au cadences mais [[a d'autres parti]] aux notes extremes d'en haut et d'en bas: principalement quand les progressions sont continues [[a]] aux interualles de quinte et de quarte: et autres telles particularitez Qu' [[l]] la penultiesme note des cadences [[faut aussi]] est fort considerable aussi en la difference des Modes [[esta]] n'estans pas de la mesme nature ces deux terminaisons [Doni, Abregé de la maniere des Tons, 13v] quoy que la derniere note soit la mesme. Qu'il y a d'ordinaire deux terminaisons ou cadences en toutes sorts d'airs comme on uoit aux uerset des Pseaumes l'une de sentiment parfait, et l'autre imparfait: que i'appele Apothese et Prothese: et que les deux principales cadences de chasque Mode s'y [--] fort bien. Qu'on peut [[accorder beaucoup de sortes]] diuersifier les Modes
ar d'autres particularitez [[aussi]] conuenables [[<....>]] a leur nature, au regard du contrepoint, que i'appelle Symphoniurgie: Comment on puisse recognostre de quelle Mode ou simple ou meslee soit [[une]] un Chant ou composition: ou [[ie]] i'apporte plusieurs exemples es airs plus celebres auiourdhuy soit Monodi
ues ou a une seule uoix; soit a plusieurs parties: mesme des Psalmodies et autres Airs Ecclesiastiques; et des dances plus communes en France et en Italie. [De quelques interualles un peu extraordinaires et inusitez qui prouennient de l'usage des cordes Metaboliques ou des Harmonies accidentelles et estrangeres in marg.] Du moyen de departir plusieurus concerts ou symphonies selon les degree de Voix humaines et l'estendue de les quinze Modes. Comment on se puisse seruir des clefs ordinaires pour mestre en tablature les Tons ou Modes diuerses auec facultè et commoditè des chantres. Mais ayant tractè de toutes ces choses assez au long en mes Discours Italiens (le quels Dieu ant sortiront bien tost en lumiere) ie n'ay pas [[bsolue qu'elle en auoit. Les cadences [[(in <.> i'entend [[d]] de semito]] se faisant ordinairement auec le semiton (i'entend des cadences plus communes reflec<..> et usitees en la part du Superius) et par consequent aux seules [--] chordes du fa, qui sont de la Mode Lydienne; il est aisè a conclurre que celles des autres chordes qui [se supra lin.] seruent des dieses (c'est a dire des cordes estrangeres et Metaboliques) aux peculiesmes notes ne sont que [une supra lin.] imitation des Lydiennes; et non point cadences naturelles du Dorien: qui termine a Mi ou La; ny du Phrygien qui finist en Re ou Sol. au quel toutes fois elles [[n']] sont [[quelque]] [un corr. supra lin.] peu plus familieres: [qui au Dorien supra lin.] pour ce que les penultiesmes notes de C sol, fa ut et F fa, ut auec le diese #, au moins sont chmatiques: et pour ce que de deux auan cadences [[(il sembl]] pour les nommer ainsi [[(il semble que les Grecs]] les Grecs les porroint auoir appellees procatalogas) du Dorien celle de G sol re, ut [quand elle fuit la sixiesme [[faisant la sixiesme]] in marg.] [et celle de D la, sol re pareillement [[en]] faisant la tierce [[(la quelle n'est pas proprement chorde estrangere ou enharmonique) comme]] peut auoir au dessubs [dessoubs ante corr.] le dict b mol: qui n'est pas proprement chorde estrangere ou enharmonique comme les autres in marg.] se peut passer du diese; se pouuans accroistre la consonance [[de tierce ou de sixiesme]] par le bas [en supra lin.] changeant le [sqb] car [[an]] en b mol [[comme on uoit aux exemples]] [Doni, Abregé de la maniere des Tons, 14v: text: cadences Lydiennes. Phrygiennes, Doriennes] Il faut scauoir aussi que Ptolomee [[met]] fait metion de deux Moyennes ou il tracte des Tons [- -] l'une [[desquelles]] il nommee Potentiale et l'autre Positiue: aux quelles nous adioustons pour troisiesme la Tropique: [[que]] [les quelles corr. supra lin.] ie declare en peu de mots [[une]] ainsi: quand nous accomodons le [[Mod]] Systeme Hypophrygien a l'Hypodorien par la connexion Melodique ou [[Tropique]] Tonique comme en la figure [[cyde]] des sept Harmonies entiere s cy dessus: la Paramese ou [sqb] mi d'en haut de l'Hypodorien est la Moyenne Positiue de l'Hypophrygien car c'est a elle que ceste cy [[respo]] se rapporte et in icelle [[se]] uient colloquee: l'a la mi re du milieu du mesme Systeme Hypophrygien est sa Moyenne Potentiale pour estre esgalement esloignee de ses deux estremitez d'en bas et d'en haut. Or' la [le ante corr.] distance [distances ante corr.] harmonique [harmoniques ante corr.] [[sont quelle]] est quelque fois appellee par les Grecs [dynamis] c'est a dire puissance, ou ualeur [en tous] le g sol, re, ut petit est sa Moyenne [moyenne ante corr.] Tropique ou Modale: moyenne dis-ie pour ce qu'elle est au milieu du G grand et du petit accentue ģ [[(]] comme ie les marque: et Modale pour ce qu'elle est la cadiale de son espece. [Il y a en toutesfois [[qu]] quelques auteurs modernes qui [[ont]] pour la Moyenne ont entendu chez Ptolomee et les autres la chorde qui diuise une espece d'octaue en la quinte et en la quarte en quoy il se sont grandement trompez ueu que dans huict chordes a raison du nombre egal il n'y peut auoir [[p<.>]] une Moyenne mais bien dans les quinze du grand Systeme au quel Ptolomee auoit esgard ne le considerant pas neaumoins comme de un tel ou tel Mode mais comme un Ton absolument et ainsi nous disons que la Moyenne uoix d'un chante quel qu'il soit est celle qui esgalement est distante des deux estremitez graue et aigue n'important point qu'elle soit un Re un Mi ou autre in marg.] La grand diuersitè qui est entre une Harmonie et l'autre e peut brieuement [monstrer supra lin.] ainsi On estime auiourd'huy que le [sqb] [[quart <..>]] [quare corr. supra lin.] et le b mol facent une grande uariete en la Musique quoy que ela ne change qui une seule chorde des sept diuerses de l'octaue: que sera ce donc aux Harmonies anciennes qui en ount tousiours au moins deux diuerses et [[ceste <..>]] [<.>oindie supra lin.] diuersite [[qui est]] [[se fait]] tombe entre celles qui sont bien differentes de Ton, a sçauoir d'une quarte. car [--] les autres plus prochaines en ont quattre diuerses comme la Dorienne et la Phrygien uoire toutes les sept comme la Dorienne comparee auec la Lydienne et l'Hypolydienne. Au reste il n'y en faute de malings> et enuieux qui ne pouant attaquer durement ma doctrine si bien fondee en la raison et en l'autoritè des anciens et meilleurs auteurs et qui reussist si bien en pratique ont publie que ces Instrumens Diarmoniques et Triarmoniques sont de peu d'usage ueu qu'en ceux qui ont toutes les [[touches]] [marches corr. supra lin.] noires diuisees en deux tout y est. Mais ils monstrent en cela leur grande ignorance [[<.>st]] lourdite. Car premierement il n'est pas uray que tout y soit: ueu que si nous accomodons l'harmonie fondamentale a sçauoi les touches blanches au Dorien dix touches noires ne sont pas suffisantes pour toutes les uoix du Lydien et Hypolydien comme le uoit icy [Doni, Abregé de la maniere des Tons, 15v; text: Dorien, Vt, re, mi, fa, sol, Lydien] ou la septieme note [[([[q]] p necessi]] marquee ainsi # # ne se trouuerà point en ces Instrumens aux touches noires diuisees. Et par necessitè la faut marquer de la sorte car ayant desia la precedente le dieses un seul ne luy suffiroit pas car il y aurait tousieurs un semeton au heu d'un ton par la regle Si aequalibus aequalia addas et cetera [--] Doncque pour faire un ton et pouuoir dire Re, Mi au desus [[d<.>]] d'E la, mi hausse e par un diese # il en faut deux en la chorde F fa, ut pour la rehausser de deux semitons mineurs c'est a dire de quatre cinquiesmes d'un ton enuiron. Que si de plus nous uoulons les cordes Chromatiques aux dictes Harmonies Lydienne et Hypolydienne uoire aux autres moins principales Iastienne et Aeolienne il n'y a point de doute que telles cordes estrangeres s'en recontreront plusieurs. En apres qui est celuy [[q]] si opiniastre qui uueille soustenir qu'il soit aussi aise de iouer sur ces touches noires diuisees qu'en un clauier tout continuè et parfait si mesme il n'est pas possible de iouer auec prontitude et uistesse sur le simples touches noires et entieres. En outre ce seroit une grande temeritè de dire que l'on puisse former des compositions musicales dans la fantaisie et dans la cartelle mesme auec des notes toutes feintes et accidentales et les pratiquer [[es<..>]] en les iouant et chantant [[par]] [comme corr. supra lin.] les naturelles et ordinaires. Ce n'est pas d'<..>inquest aussi en la musique qu'icignant deux Harmonies diuerses et contraires et les puisse te diuersifier que les cordes d'une d'i celles uiennent plus tendues et gaillardes de son que les autres comme nous auons pratiquè en noz clauecins et Viols diarmoniques en sorte que de deux unisons per exemple l'E la mi Dorien et le C sol fa ut Phrygien la corde de cestuyci rende le son plus uif et uigoreux que celle de l'autre. Car par ce moyen on acquiert une grande diuersitè en la [[<..>]] [- Italien touchant lefaict des orgues. [[Ce q l'on perd]] La quelle uarietè se perd aux Instrumens Panarmoniques et Mixarmoniques [[]] tels que les [[sesdis diuisez]] [Myxartis corr. supra lin.] cy deuant mentionez uoire uoire ceux qui ont le ton duise en cinq parties dont ie monstrè la figure en mes Discours et l'Archicembalo de Nicola Vicentin: touchant la doctrine du quel ie ueux dire en passant, que sa Methode le poitoit urayement au restablissement des Modes ou Harmonies anciennes qu'il n'y sont en point et non des Genres comme il croyait. Mais il mertè plus de louange pour le deseign qu'il auoit de restablir l'ancienne musique que pour les effects. car s'il auoit peu de cognoissance de la matiere des Genres il en auoit encores des Hamonies ou Modes. [Au demeurant ie ueux aduertir que combien que d'ordinaire on ne pratiquoit point au chant humaine si non les Harmonies ou Tones du milieu comme Aristides Quintilien [[nous]] le tesmoyne les autres seruient plustot pour les Instrumens neaumoins [[d']] aucunes fois les extremes se chantoient aussi comme Aristote nous ensegne en ses Problemes Musicaux [[de l'<.>]] en l'Hypodorien et l'Hypophrygien. Toutesfois il faut scauoir qu'un mesme chantre ne peut pas [[suffiire]] fauuenir a tous. Mais pour chanter par exemple un concert Hypodorien il y faudrè une Basse tres profonde et ainsi respectiuement les autres parties. Pour le Dorien la Basse et autres parties ordinaires. Pour le Mixolydien au lieu de la Basse un Baryton comme on l'appelle en Italie ou une taille de assez graue et cetera. Mais trois ou quattre Tons peunnent estre chantez par un seul chantre et par un seul choeur comme par exemple l'Hypolydien, le Dorien, l'Iastien et le Phrygien. outre que [[combien]] [encores corr. supra lin.] que celuy qui chanterà ces quattre peut au Lydien cela ne [[faro]] reussiroit pas [--] bien: d'autant qu'estant ceste Harmonie douce et molle plustot que ferme et uigoureuse une uoix [[tendue plus que]] trop tendue ne luy seroit pas scante mais bien au Phrygien: de facon que [[d]] nous nous deuons imaginer que la Taille d'un concert Lydien soit une Hautecontre de concert naturel et Dorien. Il semble [[depuis]] [aussi corr. supra lin.] que toute sorte de Melodie qu'on ueut diuersifier et rendre pathetique par l'usage des Muances [[de]] de Ton [[ss]] se doiue contenter de trois au plus (si ce n'est qu'on [en supra lin.] uueille faire parade et monstre plus d'artifice) car aussi ben l'Imaginatiue [--] des escoutans mal aisement peut conc et retenir plus de trois differences et : queque façon ces trois diuersitez con< …...> a sçauoir l'Harmonie naturelle et fundamentale la molle ou relaschee [laschee ante corr.] auec les b mols et la forcee ou tendue auec les dieses in marg.] La perfection au demeraut que on peut receuoir la Musique [de ces Harmonies supra lin.] n'est pas [[aisee a croier]] croyable a ceux qui n'ont penetrè suffisament ceste matiere. C non seulement on s'en peut seruir plusieurs [[sortes]] formes <.....> Mdies ou Melodies a une seule uoix et a plusieurs parties au simple contrepoint. Mais on en peut diuersifier aussi toutes sortes de chansons fugues et artificieuses comme les Madrigales Mts et semblable pieces: uoires me Fantasies, Ballets, Danceries et [[semblables mod]] [[sortes]] autres telles modulations qui [[puissent]] peuuent pratiquer diuerse [--] Harmonies sur de celles qui ont quelques chordes communes comme la Dorienne et la Phrygienne; comme i'espere de uoir un iour mis en pratique par ces beux esprits de France et par ces braues Musiciens qui nous produisent touiours quelque chose de nouueau a leur grand louage et accroissement de ceste noble et gentile facultè: faisant reussir ueritable ce que dist le Prince des poetes Grecs [[il'y a pres de deux mil cinqucent d']] [--] Mais pour donner un essay de ces Muances de Ton [[uoycy]] uoicy une chanson du Seigneur Dominic Benigni l'un de plus excellents Poets [[de nostre siecle]] [que nous ayons de ça corr. supra lin.] mise an musique a ma requeste par le Seigneur Pierre de la Val le quel s'estant rendu si celebre [[parmy le <....> le]] [au monde corr. supra lin.] ses uoyages de Leuant et la notice des langues orientales ioinit [son ancienne extraction et tant in marg.] [[tant]] d'autres nobles parties qui sont en luy [[et son ancienne extraction]] i'estimerois de luy fait fort si i'enterprenois de [[le]] faire resonner son [ estrangere et par la cognoissance qu'il a acquis de celle façon de musique en la quel il prend un singulier plaisir]] par mon longage [[in poly <….p> mal esperance le grossi<...> et le rendrà recomendable a la posteritè par la cognoissance qu'il a acquis de celle [[f]] nouelle musique en la quelle il prend un singulier plaisir. Or en cette chanson il faut aduertir [signum] qu'on ne la donne point pour un'exemple d'une Modulation Metabolique entierement obseruee [[seul]] en l'estendue des uoix en les cadences et autres proprietez des Modes uoire [[e<.>]] en l'usage des se chordes [[et]] (par exemple quoy que le commencement soit du Dorien, neaumoins le premier Dessus touche une chorde Phrygienne sur le mot Pianti a scauoir le G sol re ut rehaussè par le diese #) mais seulement [--] pour monstrer comme [[l']] on praticque diuerses harmonies et comme on les [[ma<...>si]] note. [[Second]] [Secondo supra lin.] que [[ce signe]] ceste marque en monstre comme on doit entoner la note suiuante apres le changement de Ton et de clefs. Par exemple la premiere syllabe du mot Soccorrete se chante au Ton Eolien unisone au d la sol re Dorien ou l'on uoit ceste marque: [[Tiers]] [Tiers corr. supra lin.] que pour iouer ceste piece au defaut d'un Instrument fait extres deux espinettes [[qu'on ]] se pouuent accomoder l'une sur l'autre moyennant que celle e'en haut soit plus haute de Ton une tierce maieure que celle d'embas et que chacune ait ses touches noires diuises en deux rangs dont le premiere serue aux [[dieses #]] [b mols corr. supra lin.] et le second aux [[b mols]] [dieses # in marg.] Car ainsi on iouera [[le Dorien et l'Iastien en l'espinette]]en l'Espinette d'embas le Dorien et l'Iastien: mais cestuy cy [[au]] pour la plus part aux touches de b mols. [qu'on marque en ceste piece in marg.] Et en ceste d'au haut le Phrygien et l'Eolien: touchant pareillement [[cestuy cy]] our cestuy cy le b mols marquez. Quarto Que combien que l'Harmonie Iastienne et l'Eolienne se composent (les accomodant ainsi accidentallement dans un Instrument) auec cinq b mols neaumoins nous n'en mettons que deux [[<...>]] au commencement des clefs: [[Et pour les autres]] [[<...> <..>]] en les lieux plus [[accostumez]] ordinaires et pour les autres on les adiouste aux notes esparsement ou il en est de besoins Quinto Que le signe du [sqb] quarre nous sert pour exprimer la simple exclusion du b mol qui estoit marquè deuant aux commencements des [[lign]] clefs.ue faire]] [[de n'y amuser a ceste heure pas]] assez de loisir d'en faire une redicte a cest'heure. Ie ueux bien adiouster encores [[quattre ees]] quattre mots pour [[monstrer]] [declarer mieux l'essence et nature de ces Tons et monstrer corr. in marg.] utilitè [[qu'en receurà]] tres-grande qu'en receurà ceste profession noire la necessitè
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